Le CCNPPS vient de mettre à jour sa recension de ressources touchant aux enjeux éthiques associés à diverses actions de santé publique liées à la COVID-19. Chacune des ressources est présentée avec une brève synthèse de son contenu.
Dernière mise à jour faite en novembre 2021.

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Cadres de référence en matière d'éthique et lignes directrices pour les pandémies et les urgences de santé publique

Cadre d’éthique en santé publique : guide pour la réponse à la pandémie de COVID-19 au Canada
Agence de la santé publique du Canada. (2020).
https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/2019-nouveau-coronavirus/reponse-canada/cadre-ethique-guide-reponse-pandemie-covid-19.html
5 pages (approx.).

Ce cadre est destiné aux décideurs politiques et aux professionnels de la santé publique au Canada dans le contexte de la COVID-19. La première partie expose les valeurs et les principes éthiques pertinents à prendre en considération : la confiance; la justice (le cadre insiste fortement sur l’équité); le respect des personnes, des collectivités et des droits de la personne; favoriser le bien-être; réduire au minimum les préjudices (en prenant en compte l’efficacité, la proportionnalité, la réciprocité et la précaution); travailler ensemble; et les aspects procéduraux (l’imputabilité, l’ouverture et la transparence, l’inclusivité, la réactivité et l’intersectionnalité). La deuxième partie définit un cadre en cinq étapes. Ces étapes utilisent les principes nommés précédemment et sont accompagnées de sous-questions générales. Les voici : (1) détermination de l’enjeu et compilation des faits pour bien comprendre le problème; (2) détermination des questions éthiques et classement par ordre de priorité des principes qui seront défendus; (3) détermination des solutions à la lumière des valeurs; (4) sélection et mise en œuvre du meilleur plan d’action; et (5) évaluation.

Cadre de réflexion sur les enjeux éthiques liés à la pandémie de COVID-19
Désy, M., St-Pierre, J., Leclerc, B., Couture-Ménard, M-È., Cliche, D. et Maclure, J. (2020).
https://www.inspq.qc.ca/publications/2958
18 pages.

Ce cadre de référence, publié en français par l’Institut national de santé publique du Québec, vise à clarifier les enjeux éthiques et à soutenir la prise de décision pendant la pandémie de COVID-19. Les auteurs définissent les valeurs phares : la bienfaisance, la prudence, la justice, la responsabilité, la non-malfaisance, la solidarité, la confiance, la transparence, le respect de la confidentialité, la proportionnalité et la liberté. Quatre grandes catégories d’enjeux éthiques sont définies. Elles sont les suivantes : (i) la distanciation, l’isolement et la quarantaine (qui requièrent la recherche de l’équilibre entre la bienfaisance et la prudence, d’une part, et la liberté, d’autre part, ce qui demande l’application de la proportionnalité); (ii) la vigie sanitaire et la surveillance (des activités qui soulignent l’importance du respect de la confidentialité, de la bienfaisance et de la non-malfaisance); (iii) la communication à la population (qui s’appuie sur la confiance de la population et la transparence, et qui peut renforcer la solidarité et la responsabilité); et (iv) l’allocation des ressources et l’accès aux services de santé (qui font intervenir la bienfaisance, l’équité et la justice).

Covid-19 ethical decision making framework
BC Centre for Disease Control & BC Ministry of Health. (2020).
https://www2.gov.bc.ca/assets/gov/health/about-bc-s-health-care-system/office-of-the-provincial-health-officer/covid-19/ethics_framework_for_covid_march_28_2020.pdf
10 pages.

Les auteurs de ce cadre de référence en matière d’éthique commencent par cerner deux dilemmes essentiels touchant à l’éthique de la santé publique; d’abord, maintenir l’équilibre entre l’autonomie et la vie privée des gens et la protection du bien commun et, d’autre part, décider de l’allocation des ressources lorsque les besoins dépassent l’offre. Le cadre de référence suit trois étapes : un examen des valeurs et principes éthiques, un processus décisionnel éthique et une liste de contrôle permettant d’évaluer les options et de formuler une décision. Les principes et valeurs clés cernés sont : le respect, le principe du tort, l’équité, le recours aux mesures les moins restrictives et coercitives, la collaboration, la réciprocité, la proportionnalité, la flexibilité et la justice procédurale (notamment la transparence, l’inclusivité, l’imputabilité et le caractère raisonnable). Le processus décisionnel exige des usagers qu’ils : 1) cernent le problème, 2) précisent les faits, 3) définissent les parties prenantes et points de vue, 4) définissent et analysent les principes et valeurs, 5) trouvent d’autres avenues, 6) prennent une décision, 7) mettent la décision en œuvre et 8) évaluent et documentent la décision. La liste de contrôle fait appel aux usagers pour qu’ils suivent un processus structuré qui réponde à des questions précises afin de s’assurer que les solutions proposées soient analysées conformément aux valeurs éthiques.

Covid-19 ethics framework information for providers
Shared health/Soins communs Manitoba. (2020).
https://sharedhealthmb.ca/covid19/providers/ethics-framework/
9 pages.

Ce cadre de référence présente aux fournisseurs de soins de santé un ensemble d’éléments à considérer. Il vise à maximiser les bénéfices et à faire en sorte que ceux-ci soient distribués équitablement lors de la prise de décision en matière de répartition des ressources et de triage. Il définit les principaux principes qui devraient éclairer les décisions (le principe de non-nuisance, le recours aux moyens les moins restrictifs, la réciprocité et la transparence), les principes régissant les processus équitables (raisonnables, transparents, inclusifs, adaptables, responsables) ainsi que les valeurs directrices (la liberté, la solidarité, la protection du public, la proportionnalité, la protection de la vie privée, le devoir de prodiguer des soins, l’équité et la bonne intendance). Ce cadre de référence inclut un cahier d’exercices contenant des questions d’orientation relatives aux valeurs et aux principes mentionnés plus haut, ainsi qu’un guide détaillé d’aide à la prise de décision.

Déclaration sur le COVID-19 : considérations éthiques selon une perspective mondiale
Comité international de bioéthique de l’UNESCO et Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des technologies de l’UNESCO (COMEST). (2020).
https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000373115_fre
4 pages.

Cette déclaration de mars 2020 présente 11 questions éthiques vitales selon une perspective mondiale. Elle réclame que les mesures d’urgence réitèrent les éléments suivants : (1) les politiques doivent être interdisciplinaires (la politique, la science, l’éthique et le droit) et fondées sur des données probantes; (2) « les politiques qui ne sont pas fondées sur des connaissances et des pratiques scientifiques solides sont contraires à l’éthique » (p. 2); (3) les pandémies mettent à l’épreuve les systèmes de santé et révèlent l’importance de l’allocation des ressources, laquelle doit se fonder sur les principes de justice, de bienfaisance et d’équité; (4) il est très important de s’occuper des personnes vulnérables; (5) il est important de reconnaître les droits et les devoirs des individus, des communautés et des gouvernements; (6) « [l]es informations diffusées par le personnel politique, les scientifiques, les autorités et les médias doivent être opportunes, exactes, claires, complètes et transparentes » (p. 3); (7) en ce qui concerne la recherche d’un vaccin, les efforts devraient être coordonnés à l’échelle internationale et il faudrait formuler une compréhension commune des processus d’examen éthique; (8) il est important de s’assurer que l’urgence de la situation n’empêche pas des pratiques de recherche responsables; (9) il faut se pencher sur les questions éthiques, sociales et politiques liées à l’utilisation des technologies numériques; (10) des mesures extrêmes telles que des barrières à travers les frontières ne doivent pas nuire à la collaboration internationale, ni perpétuer la xénophobie ou la discrimination; et (11) les pandémies soulignent l’interdépendance des États et nécessitent la collaboration et la solidarité internationales.

Difficult trade-offs in response to Covid-19: The case for open and inclusive decision making
Norheim, O. F., Abi-Rached, J. M., Bright, L. K., Bærøe, K., Ferraz, O. L. M., Gloppen, S. et Voorhoeve, A. (2020).
https://www.nature.com/articles/s41591-020-01204-6
4 pages.

Dans cet article, les auteurs réclament une prise de décisions ouverte et inclusive fondée sur des processus délibératifs. Ils appuient les processus délibératifs pour des raisons pratiques, juridiques et morales, mais aussi parce que ces processus donnent lieu à de meilleures décisions, à une plus grande confiance du public et à un meilleur respect des restrictions et des exigences juridiques nécessaires pour limiter la propagation de la COVID 19. Pour faire valoir leur point de vue, ils présentent un ensemble de motifs à l’appui d’une prise de décisions ouverte et inclusive dans le contexte de la pandémie de COVID 19 : i) égalité politique et droits de la personne (9 motifs); ii) examen minutieux et communication (3 motifs); iii) confiance et adhésion (1 motif). Les auteurs expliquent que la prise de décisions transparente et inclusive repose essentiellement sur la participation des dirigeants politiques, des experts et du public encadrée par des mécanismes de responsabilisation, et suggèrent trois types d’institutions participatives qui seraient particulièrement utiles pour la prise de décisions inclusive dans le contexte de la COVID 19.

Ethical considerations in responding to the COVID-19 pandemic
Nuffield Council on Bioethics. (2020).
https://www.nuffieldbioethics.org/assets/pdfs/Ethical-considerations-in-responding-to-the-COVID-19-pandemic.pdf
11 pages.

Ce document présente quatre principes qui doivent être pris en compte par les États qui mettent au point des mesures de santé publique afin de combattre la COVID-19.
1. Les interventions devraient être fondées sur les données probantes, elles devraient être proportionnelles, et les objectifs, la science, les valeurs et les jugements qui sous-tendent ces interventions devraient être communiqués clairement au public.
2. La coercition et l’intrusion devraient être réduites au minimum nécessaire pour atteindre les objectifs de la santé publique.
3. Les personnes devraient être traitées avec respect et considérées comme des égales sur le plan moral. Les sacrifices que font les gens pour le bien commun (l’auto-isolation, la quarantaine) devraient être reconnus dans la conception et la mise en œuvre des interventions.
4. La solidarité est cruciale à tous les échelons : sur le plan international (entre les gouvernements), par les États (qui assument les coûts des interventions), par les entreprises (en matière de responsabilité sociale) et par les individus (dans nos vies quotidiennes).

Les considérations éthiques mises en relief dans le document incluent (en ce qui concerne les États) la proportionnalité, l’efficacité, la nécessité, la justification publique, le maintien de la confiance, le traitement juste et respectueux, et la solidarité; et (pour les individus et les entreprises) la solidarité, la confiance et la responsabilité sociale des entreprises.

Ethical dimensions of Covid 19 for frontline staff
Royal College of Physicians. (2020).
https://www.rcplondon.ac.uk/news/ethical-guidance-published-frontline-staff-dealing-pandemic
8 pages.

Les auteurs soutiennent que la justice est le meilleur modèle pour aborder les enjeux éthiques qui émergeront pendant la pandémie. Les principales valeurs à prendre en considération sont la reddition de comptes, l’inclusivité, la transparence, le caractère raisonnable et la réactivité. Ils font onze recommandations en matière d’éthique : (1) les soins doivent être équitables et ne défavoriser aucun groupe; (2) les soins ne devraient pas favoriser les patients atteints de la COVID-19 ou ceux qui n’en sont pas atteints; (3) la décision d’entreprendre, de refuser ou de retirer des soins devrait être prise en équipe, être documentée, et suivre les lignes directrices nationales; (4) quelles que soient les circonstances, le personnel demeure entièrement responsable de ses décisions; (5) le soutien d’éthiciens et d’autres professionnels est disponible pour la prise de décisions difficiles; (6) le personnel devrait parler de la planification préalable des soins avec les patients et connaître leurs souhaits; (7) les lits de soins intensifs devraient continuellement être évalués et priorisés conformément aux lignes directrices nationales (on fait référence aux lignes directrices pour le Royaume-Uni); (8) le devoir de soigner des médecins pourrait exiger qu’ils travaillent en dehors de leur domaine de pratique, mais pas en dehors de leur sphère de compétence; (9) les membres du personnel qui ont plus de 70 ans ou qui ont des conditions préexistantes ont le droit de se protéger — cela signifie qu’ils pourraient devoir être réaffectés à l’extérieur des zones de contact direct; (10) il faut fournir au personnel de l’équipement de protection individuelle; et (11) certaines spécialités pourraient formuler des orientations spécifiques pour les praticiens.

Ethical framework for health care institutions responding to novel coronavirus SARS-CoV-2 (COVID-19) & Guidelines for institutional ethics services responding to COVID-19
Berlinger, N., Wynia, M., Powell, T., Hester, D. M., Milliken, A., (…) & Jenks, N. P. (2020).
https://www.thehastingscenter.org/ethicalframeworkcovid19/
12 pages.

Ce document, publié par le Hastings Center, cherche à trouver l’équilibre entre l’éthique des tâches cliniques (c. à d. les soins centrés sur la personne) et l’éthique de la santé publique (c. à d. les considérations d’équité et de juste répartition des effets positifs et négatifs). Il le fait en intégrant au contexte clinique une réflexion axée sur les populations. Le document définit deux sources concurrentes d’autorité morale entre lesquelles il faut trouver un équilibre : l’obligation de soigner les personnes, d’une part, et l’obligation de promouvoir l’équité et une juste répartition, de l’autre. Les États et les autorités publiques, représentées par les responsables des soins de santé, ont trois principales obligations envers les praticiens et les communautés lors d’une urgence de santé publique. Celles-ci sont l’obligation de prévoir les problèmes éthiques qui surgissent (c. à d. anticiper le triage relativement au personnel, aux fournitures et aux espaces); l’obligation de protéger (c. à d. soutenir les travailleurs de la santé et les populations vulnérables); et l’obligation de guider (c. à d. mettre sur pied des plans d’urgence en cas de pressions sur une variété de ressources lors d’une flambée). Le document comprend 24 politiques et processus institutionnels et 6 lignes directrices que les services d’éthique institutionnels peuvent prendre en compte dans le contexte de la COVID-19.

Ethics guidance on issues raised by the novel coronavirus disease (COVID-19) pandemic
Pan American Health Organization. (2020).
https://www.paho.org/en/documents/ethics-guidance-issues-raised-novel-coronavirus-disease-covid-19-pandemic
8 pages.

Ce document souligne l’importance de recueillir de bonnes données de surveillance lors d’une situation d’urgence. Il distingue également la surveillance de la recherche. Dans ce document, on précise que l’équité, la solidarité, la responsabilité et la transparence sont des facteurs essentiels à l’élaboration d’interventions de santé publique appropriées lors d’une pandémie. Il insiste particulièrement sur l’importance de ne pas augmenter les inégalités et de formuler des critères clairs et transparents en ce qui concerne l’établissement des priorités pour la répartition des ressources limitées, comme les respirateurs artificiels. Le document souligne l’importance des communications claires, compréhensibles et non stigmatisantes pour augmenter la participation et la confiance du public. Enfin, il aborde des questions liées à la recherche, comme l’accélération des projets, l’évaluation éthique, le consentement des participants, l’utilisation secondaire des données et l’obligation de partager les données et les résultats de la recherche.

Ethical principles and a practical approach to support policy making through the next phases of the COVID-19 pandemic and beyond
Fritz, Z., Huppert, J. L., Liddell, K., Holton, R. et Fuld, J. P. (2020).
https://www.rcpjournals.org/content/clinmedicine/early/2020/12/23/clinmed.2020-0843
4 pages.

Dans cet article, les auteurs tentent de combler l’écart entre les objectifs cliniques et ceux de santé publique en proposant un programme d’éthique qui pourra guider les cliniciens durant la pandémie et au-delà de celle-ci. Ce programme se fonde sur quatre engagements clés : (1) définir « les besoins, les droits et les intérêts des différentes parties prenantes qui sont touchées par une politique publique »; (2) « être responsables et transparents, et reconnaître que les personnes sont des individus autonomes ayant leurs propres valeurs et leurs propres préoccupations » – cet engagement suppose des processus de délibération visant à connaître les positions des citoyens; (3) « tenir compte des répercussions de nos actions sur la viabilité du National Health Service (NHS), de ses infrastructures, des demandes de services et du bien-être de son personnel »; et (4) « traiter tout le monde de façon équitable, en considérant que tous méritent des égards et des soins » (p. 1, traductions libres). L’article comprend une discussion des problèmes légaux et éthiques associés à la tendance, observée en situation d’urgence, de sauver le plus de vies possible, au détriment des considérations relatives à l’équité. Les auteurs recommandent que des cadres de référence soient établis pour promouvoir des objectifs concurrents; que les politiques et les pratiques soient communiquées clairement au public; que dans tout le continuum des soins, la prise de décision soit intégrée pour mettre fin aux interventions inutiles et réduire les inégalités; que les interventions minimisent les inégalités; et que des capacités supplémentaires soient intégrées au système de santé afin de répondre à la demande additionnelle.

Éthique en santé publique. Ressources sélectionnées : éthique et pandémie
Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé. (2011).
http://www.ccnpps.ca/120/publications.ccnpps?id_article=608
37 pages.

Ce document se veut une introduction au domaine de l’éthique en santé publique (ÉSP), telle qu’elle s’applique aux réponses politiques et aux pratiques en temps de pandémie. Il contient une sélection d’ouvrages visant à explorer les implications éthiques du contrôle des maladies infectieuses et des réponses pandémiques. On y retrouve : de courts résumés d’une sélection d’articles, de cadres et de guides d’orientation, des liens vers des ressources additionnelles sur l’éthique et les pandémies, y compris des articles, des présentations, des études de cas et d’autres outils d’apprentissage, ainsi que des sites, des blogues et des sources de nouvelles pertinents sur le Web.

Guidance for managing ethical issues in infectious disease outbreaks
World Health Organization. (2016).
https://apps.who.int/iris/handle/10665/250580
68 pages.

Ce document a été produit dans le contexte de la maladie à virus Ebola, mais voulait « regarder au-delà des questions propres à des pathogènes épidémiques spécifiques pour plutôt s’intéresser aux enjeux éthiques transversaux qui s’appliquent de façon générale aux éclosions de maladies infectieuses » (p. 7, traduction libre). Il définit six grands principes éthiques : la justice, la bienfaisance, le respect envers les personnes, la liberté, la réciprocité et la solidarité. Ceux-ci sous-tendent 14 lignes directrices qui abordent des aspects importants de la réponse à une épidémie. Pour chaque ligne directrice, on présente un ensemble de questions visant à aider aux délibérations. Les lignes directrices couvrent une vaste gamme d’enjeux, y compris les responsabilités des gouvernements, l’implication des communautés, le soutien aux situations de vulnérabilité, la répartition des ressources limitées, la surveillance, les restrictions en matière de liberté, les obligations médicales de traiter, la recherche, l’utilisation d’interventions non éprouvées en situation d’urgence, le partage de données, la conservation d’échantillons, les différences fondées sur le sexe et le genre, les droits et les devoirs des travailleurs, et les enjeux relatifs aux travailleurs humanitaires.

Public health decisions in the COVID-19 pandemic require more than ‘follow the science’
Campos-Rudinsky, T. C. et Undurraga, E. (2021).
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7908053/pdf/medethics-2020-107134.pdf
4 pages.

Les auteurs de cet article soutiennent que, bien que la prise de bonnes décisions repose sur des données fiables et des analyses solides, elle dépend avant tout d’un « raisonnement éthique solide qui attribue de la valeur et un jugement normatif à des faits empiriques » (p. 1). Dans l’intention de remettre en question la vision excessivement simpliste résumée par la pensée selon laquelle il faut « suivre la science », ils soulignent la relation complexe entre les données empiriques et la pensée éthique. Par exemple, même lorsqu’on accorde la priorité à l’exactitude et à la transparence dans les communications avec le public au sujet de la situation et des motifs des décisions, la complexité de la prise de décisions, l’incertitude quant aux résultats, la pondération des priorités, l’équilibre entre les valeurs, et une foule d’autres facteurs montrent clairement que la recherche d’un « bon » résultat à partir de choix politiques exige une réflexion et une évaluation éclairées par des preuves scientifiques, mais qui vont bien au-delà de ce que la pensée selon laquelle il faut « suivre la science » peut offrir à elle seule. Les auteurs réclament une plus grande transparence au sujet des considérations éthiques et des fondements des décisions afin d’aider à bâtir la confiance du public.

Quick reference ethics support for health care providers
Nova Scotia Health Ethics Network (NSHEN). (2020).
http://www.nshen.ca/wp-content/uploads/2020/04/2020-Quick-reference-ethics-support-for-health-care-providers.pdf
2 pages.

Ce document souligne des enjeux auxquels peuvent être confrontés les fournisseurs de services de santé en raison des conflits entre les libertés individuelles et le bien commun, entre le devoir de soigner et un environnement de travail sécuritaire et l’allocation des ressources. Le document soulève succinctement les éléments suivants : changement dans les priorités qui passent d’une réflexion à l’échelle des individus à une réflexion à l’échelle des populations (de l’autonomie à la communauté); le redéploiement des travailleurs qualifiés; les préoccupations liées à l’évolution des structures; les préoccupations liées à la perception d’une autorité excessive; la détresse morale; les conflits d’intérêts (p. ex., le devoir de soigner tout en se sentant non protégé); les conflits de rôles (p. ex., être à la fois parent et membre du personnel soignant); les divergences d’opinions au sujet des notions de sécurité et de risque; les divergences d’opinions au sujet de la notion de justice (p. ex., les protocoles institutionnels concernant le triage); le mieux-être physique, émotionnel et psychologique; et la recherche d’équilibre entre la solidarité et les limites.

Responding to Covid-19: How to navigate a public health emergency legally and ethically
Gostin, L. O., Friedman, E. A. & Wetter, S. A. (2020).
https://www.thehastingscenter.org/responding-to-covid-19-how-to-navigate-a-public-health-emergency-legally-and-ethically/
9 pages.

Cet article du Hastings Center Report aborde plusieurs questions afin de présenter une analyse générale des problèmes éthiques et légaux implicites auxquels nous sommes confrontés dans notre réponse à la COVID-19. Les auteurs abordent brièvement les questions suivantes, entre autres : le triage et la répartition des ressources lors d’une flambée; la distanciation physique (aplatir la courbe) pour réduire la pression sur le système de santé; les obligations des médecins envers les patients individuels par rapport aux responsabilités plus larges dans un système mis à rude épreuve par une énorme demande de soins; les considérations relatives à l’équité et à l’accès équitable à des ressources limitées; les préoccupations relatives à la santé et à la justice concernant l’accès des personnes les plus vulnérables aux soins; la distanciation physique et la coopération de la population; réciproquement, l’importance de s’occuper de certaines populations qui doivent mettre en place la distanciation; les problèmes de communication; les enjeux (légaux et éthiques) associés à l’isolation et à la quarantaine; la recherche de l’équilibre entre la santé publique et les libertés civiles; et le besoin de décider jusqu’où les gouvernements devraient aller dans l’exercice de leurs pouvoirs.

Roles for ethicists in Covid-19 response
Warren, M. (2020).
https://impactethics.ca/2020/03/18/roles-for-ethicists-in-covid-19-response/
3 pages (approx.).

Dans cet article de blogue publié dans Impact Ethics, l’auteure affirme que les éthiciens devraient aider à minimiser les choix difficiles que doivent faire les fournisseurs de soins de santé. Lorsque cela n’est pas possible, les éthiciens devraient veiller à ce que les fournisseurs de soins de santé aient ce qu’il leur faut pour décider et agir. Le meilleur moment pour cela, c’est lorsqu’on se prépare à une pandémie, et non lorsqu’une pandémie se présente. Cela étant dit, les éthiciens peuvent offrir leur contribution au cours d’une pandémie par les moyens suivants : formuler clairement les valeurs pertinentes, renforcer les capacités en matière d’éthique, mettre au point des outils et des cadres de référence, traduire les valeurs en lignes directrices, démontrer comment trouver l’équilibre entre les différentes valeurs, offrir un soutien en matière de consultation pour les décisions difficiles, réduire la détresse morale en affirmant qu’il n’existe pas de « bonne » réponse, soutenir la légitimité des décisions prises en retraçant les valeurs éthiques et les processus décisionnels, et faire un suivi après une urgence pour renforcer les processus et pour réfléchir.

Une revue des principes et orientations éthiques contenus dans divers plans de préparation à une pandémie
Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé. (2011).
http://www.ccnpps.ca/120/publications.ccnpps?id_article=628
47 pages.

Ce document passe en revue les objectifs, les principes et les recommandations d’ordre éthique explicitement mis de l’avant dans divers plans et politiques nationaux, infranationaux et internationaux de préparation à une pandémie.

Équité

Addressing human rights as key to the Covid-19 response
World Health Organization. (2020).
https://apps.who.int/iris/handle/10665/331811
4 pages.

Cette publication de l’OMS traite de l’impératif moral de tenir compte de la protection des droits de la personne dans la réponse à la pandémie et se penche en particulier sur six catégories principales. 1) La stigmatisation et la discrimination : Les personnes infectées, les personnes d’origine asiatique, les fournisseurs de soins et d’autres en ont fait l’objet. On doit identifier ces pratiques et y mettre fin. 2) Égalité entre les sexes et prévention de la violence contre les femmes : Les normes sociales mettent les filles et les femmes plus à risque de contracter le virus et nuisent à leur accès aux services de santé essentiels, et les ordres de confinement augmentent leurs risques de subir de la violence. Les sociétés doivent s’attaquer à ces problèmes. 3) Soutien aux populations vulnérables : La dignité et les droits des plus vulnérables exigent une attention particulière dans le contexte de la réponse à la COVID-19. 4) Mesures de restriction et quarantaine : Les restrictions doivent s’inscrire dans le cadre de réponses sociales et de santé publique qui tiennent compte des droits et sont soumises à des mesures adéquates de surveillance et d’imputabilité. 5) Pénuries de fournitures et d’équipements médicaux : Les gouvernements doivent tout faire pour protéger les travailleurs et travailleuses de la santé; l’OMS a publié des lignes directrices à ce sujet. 6) Obligations d’aide et de coopération internationales : Les États riches ont certaines obligations envers les États à faibles et moyens revenus, obligations qui ne sont pas subordonnées à leurs responsabilités au sein de leurs propres frontières.

A relational account of public health ethics
Baylis, F., Kenny, N. & Sherwin, S. (2008).
https://academic.oup.com/phe/article-abstract/1/3/196/1570681 (accès payant).
14 pages.

Ce document est important pour plusieurs raisons. Entre autres, il oppose, d’un œil critique, les approches individualistes aux approches collectives en matière de planification pandémique. Les auteures réclament une éthique de la santé publique qui se concentre sur le bien commun et sur l’intérêt public en s’occupant de l’identité individuelle relationnelle, de l’autonomie relationnelle, de la justice sociale et de la solidarité relationnelle. Ce document fournit une perspective critique indispensable pour aborder les urgences de santé publique comme la COVID-19. En particulier, il veille à ce que notre attention ne se détache pas des populations vulnérables et marginalisées, et il nous aide à élargir les limites de notre solidarité pour que l’on passe de « nous/eux » à « nous tous ».

Covid 19 structural racism and migrant health in Canada
Tuyisenge, G. et Goldenberg, S. M. (2021).
https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)00215-4/fulltext
2 pages.

Dans ce bref commentaire, les auteures explorent le rôle du racisme structurel « (les systèmes à l’échelle macroscopique, les forces sociales, les institutions, les idéologies et les processus qui interagissent entre eux pour générer et renforcer les inégalités auxquelles doivent faire face les communautés racisées) » (p. 1) dans les répercussions disproportionnées de la pandémie de COVID 19 sur les communautés de migrants. Elles considèrent que la précarité du travail, les obstacles aux soins de santé, les droits de la personne et les politiques d’immigration sont des domaines clés sur lesquels il faut se concentrer pour réduire les inégalités, et proposent des interventions comme la couverture universelle des soins de santé, des soins de santé culturellement adaptés, une formation anti-oppression pour les fournisseurs de soins de santé, des changements aux politiques liées à l’emploi et à l’immigration et, plus particulièrement, l’écoute et l’amplification des voix des communautés de migrants et des organismes qui les représentent.

Beyond sex and gender analysis: An intersectional view of the COVID-19 pandemic outbreak and response
Hankivsky, O. et Kapilashrami, A. (2020).
https://www.qmul.ac.uk/media/global-policy-institute/Policy-brief-COVID-19-and-intersectionality.pdf
5 pages.

Les auteurs réclament une approche intersectionnelle pour éclairer les interventions en réponse à la COVID-19. Ils critiquent les approches qui s’intéressent à un seul facteur (comme la distinction hommes/femmes ou personnes racialisées/non racialisées) pour tenter de comprendre les vulnérabilités et les avantages, car ces approches ne peuvent pas expliquer l’interaction des facteurs comme l’âge/l’état de santé, le handicap, le sexe/le genre, le statut socio-économique, l’indigénéité, le statut migratoire, l’emplacement géographique et la race/l’ethnicité. Ces facteurs n’agissent pas isolément. Une approche intersectionnelle nous invite à comprendre que les humains sont « formés par l’interaction de différentes positions sociales […] dans un cadre composé de systèmes et de structures de pouvoir interreliés » (p. 1, traduction libre). Cela entraîne des privilèges et des oppressions systémiques créés par le racisme, par la discrimination fondée sur la capacité physique, par le patriarcat, par le colonialisme, etc. Puisque les répercussions de la COVID-19, comme la distanciation physique, le chômage, l’augmentation du travail de soins et la répartition des ressources, ont des effets variables selon les personnes, les interventions visant à combattre la COVID-19 devraient refléter cela. Les auteurs terminent en formulant des recommandations pour enrichir les données, réaliser des analyses intersectionnelles, prioriser le soutien aux personnes les plus à risque, mettre au point des interventions politiques intersectorielles, aller au-delà d’un modèle de déficit et s’engager envers la diversité en matière de leadership.

Health justice strategies to combat Covid-19: Protecting vulnerable communities during a pandemic
Benfer, E. A. & Wiley, L. F. (2020).
https://www.healthaffairs.org/do/10.1377/hblog20200319.757883/full/
10 pages.

Dans ce document, les auteures présentent des orientations et des mesures que les autorités (américaines) peuvent adopter pour soutenir la capacité des communautés à faible revenu et marginalisées (y compris les travailleurs à faible revenu, les personnes en situation de handicap, les personnes en situation d’itinérance ou d’instabilité sur le plan du logement, les personnes de couleur, les immigrants, les réfugiés et les autres personnes plus susceptibles de subir de la négligence ou des mauvais traitements de la part des autorités gouvernementales) à se mettre à l’abri sur place de façon sécuritaire. Elles adoptent d’abord une approche axée sur la justice en matière de santé en mentionnant l’importance (i) d’agir sur les déterminants sociaux de la santé, (ii) de s’assurer que les interventions visant des changements de comportements reçoivent les protections et le soutien nécessaires; et (iii) de veiller à ce que les interventions s’attaquent à la fois aux besoins immédiats (urgents) et aux causes profondes. L’article indique que les plans des États et des localités devraient : protéger les travailleurs, imposer un moratoire sur les expulsions, protéger les personnes sans abri et augmenter le nombre de logements abordables, imposer un moratoire sur l’arrêt des services publics, faire appliquer de façon proactive la réglementation concernant la sécurité et la salubrité des domiciles, assurer l’accès à la nourriture et aux autres nécessités, et veiller à ce que toutes les ordonnances soient conformes aux libertés civiles.

Les inégalités sociales et raciales amplifiées par la crise sanitaire dans certains quartiers, déplore la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse
Gouvernement du Québec. (2020).
https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/les-inegalites-sociales-et-raciales-amplifiees-par-la-crise-sanitaire-dans-certains-quartiers-deplore-la-commission-des-droits-de-la-personne-et-des-droits-de-la-jeunesse
2 pages.

Ce communiqué porte sur une annonce de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec. En réaction au fait que les quartiers parmi les plus pauvres de Montréal sont devenus les points chauds de la crise sanitaire, la Commission demande aux différents paliers de gouvernement de prendre sans délai des mesures pour lutter contre les inégalités sociales et raciales, en particulier en appuyant les organismes communautaires. La Commission souligne le taux élevé de personnes immigrantes et racisées, en particulier de femmes, dans le secteur sanitaire le plus touché par la COVID-19. Elle souligne aussi les disparités sociales et économiques qui touchent les personnes autochtones, racisées, immigrantes ou en situation de handicap, disparités ayant été amplifiées par la pandémie. Pour la Commission, la lutte contre le racisme et la discrimination est indissociable de la lutte contre la pauvreté. Elle recommande la mise en place immédiate d’un certain nombre de mesures en matière de logement, de sécurité alimentaire et d’accès à des ordinateurs. La Commission appelle à mettre de côté les approches habituelles en matière de programmes gouvernementaux et d’élaboration des politiques et recommande que l’on aborde le problème de la discrimination sous l’angle de l’intersectionnalité.

Navigating inequities: A roadmap out of the pandemic
Ismail, S. J., Tunis, M. C., Zhao, L. et Quach, C. (2021).
https://gh.bmj.com/content/bmjgh/6/1/e004087.full.pdf
9 pages.

Les auteurs de cet article présentent un outil pouvant aider ses utilisateurs à éviter les pièges qui se présentent parfois quand on tente d’atteindre l’équité. L’application d’un modèle unique en matière d’équité peut creuser les inégalités et donner naissance à de la stigmatisation. Au lieu de cela, les auteurs proposent la matrice de l’équité, laquelle « éclaire un ensemble de facteurs qui se recoupent et qui aggravent l’inégalité en matière de santé » (p. 5, traduction libre). La matrice de l’équité, lorsqu’on l’applique à la COVID-19, analyse toute la gamme des inégalités de santé (ce qui implique d’étudier leurs facteurs causaux), examine leurs croisements et leurs sources (en s’interrogeant sur l’origine des inégalités, et en faisant notamment une analyse intersectionnelle), et tente d’éviter de creuser davantage les disparités de santé en mettant en place des interventions justes sur le plan éthique (en proposant des politiques et des interventions qui réduisent les inégalités). Bien que la matrice soit destinée à être polyvalente, dans le cadre de cet article, les auteurs se sont concentrés sur son application à des objectifs d’équité à plus court terme liés à une distribution appropriée des vaccins durant la pandémie de COVID-19.

Plus que jamais, les inégalités sont nocives pour la santé
Chung, R. (2020).
https://nouvelles.umontreal.ca/article/2020/04/07/plus-que-jamais-les-inegalites-sont-nocives-pour-la-sante/
4 pages (approx.).

Dans cet article de blogue (en français), l’auteure aborde la santé comme droit fondamental, les déterminants sociaux de la santé et la santé mondiale dans le contexte de la pandémie, et ce que cela révèle sur nos sociétés. La crise actuelle met en évidence et amplifie les effets des inégalités sur la santé, ici et à travers le monde, à la fois en ce qui concerne les effets du virus et en ce qui concerne les effets des mesures qui ont été prises en réaction à celui-ci. En effet, ces mesures touchent les gens différemment en fonction de leur statut social. La crise révèle les inégalités structurelles coûteuses et contraires à l’éthique que nous acceptons de tolérer en temps normal. Cela devrait inspirer une profonde réflexion ainsi que des interventions préventives sur les systèmes de santé et les politiques afin que les effets les plus catastrophiques des inégalités ne se manifestent pas dans les prochaines crises. À l’échelle de la santé mondiale, l’auteure souligne l’importance du multilatéralisme, des droits de la personne universels, de la solidarité, de la coopération et de la justice sociale, internationale et intergénérationnelle, lesquels sont des antidotes à l’insularité, aux inégalités profondes et à la xénophobie.

Reimagining safety in a pandemic: The imperative to dismantle structural oppression in Canada
Khare, N., Shroff, F., Nkennor, B. et Mukhopadhyay, B. (2020).
https://www.cmaj.ca/content/cmaj/192/41/E1218.full.pdf
3 pages.

Les auteurs de cet article se penchent sur la notion de sécurité en temps de pandémie et y jettent un regard critique et intersectionnel pour se demander ce qui assure notre sécurité et qui est en sécurité pendant la crise de la COVID-19. Ils s’intéressent à quatre grandes catégories pouvant servir d’exemples. Le fait d’encourager les gens à rester chez eux suppose que c’est un endroit sécuritaire, mais cette exhortation expose des dizaines de milliers de femmes à un plus grand risque de violence. Un renforcement des pouvoirs policiers visant à faire appliquer la distanciation et d’autres ordres expose les personnes situées aux intersections de l’identité autochtone, de la racialisation et/ou de la pauvreté à un plus grand risque de marginalisation supplémentaire, notamment à travers des mesures punitives. Les mesures de contrôle des frontières exposent les migrants qui traversent les frontières terrestres à des risques encore plus élevés associés aux frontières bien gardées, aux camps de réfugiés et aux centres de détention. Les travailleurs agricoles migrants, les personnes travaillant dans des usines de conditionnement des viandes et les travailleurs de la santé marginalisés font un travail essentiel, mais on les traite comme s’ils étaient remplaçables. Les auteurs nous invitent à contester les mesures de sécurité telles que définies par l’État, afin de « remplacer des institutions oppressives par des institutions qui affirment l’équité » (p. E1220, traduction libre) et d’affecter des ressources au soutien en amont.

Social distancing is a privilege
Blow, C. (2020).
https://www.nytimes.com/2020/04/05/opinion/coronavirus-social-distancing.html
3 pages (approx.).

Ce court texte d’opinion aborde l’idée populaire voulant que les virus soient égalitaires et qu’ils infectent tout le monde, peu importe le statut social. Cependant, si l’on se fie aux premières données qui se dégagent, « dans le monde réel, ce virus se comporte comme les autres : il fonce, comme un missile à tête chercheuse, sur les plus vulnérables de la société. Et cela se produit non pas parce qu’il les préfère, mais parce qu’ils sont plus exposés, plus fragiles et plus malades » (p. 1, traduction libre). À Milwaukee, à Chicago et à Détroit, les Afro-Américains sont largement surreprésentés dans le nombre de morts causées par la COVID-19. De façon disproportionnée, les personnes à la peau noire ou brune ne peuvent pas pratiquer la distanciation sociale parce qu’elles doivent sortir travailler, sans quoi elles mourront de faim. Et certaines des personnes qui ont le privilège de rester à la maison peuvent ensuite critiquer sévèrement celles qui prennent des transports en commun bondés, ou qui font la file pour aller travailler ou chercher des mets à emporter. L’auteur invite les personnes en situation de privilège à cesser d’insulter celles qui se battent pour survivre.

The trickle-down tragedies of the pandemic
Tharoor, I. (2020).
https://www.washingtonpost.com/world/2020/12/01/coronavirus-refugees-domestic-violence-effects/
5 pages (approx).

Dans cet article du Washington Post, l’auteur commence par cadrer la sévérité de la pandémie de COVID-19 aux États-Unis comme étant un désastre humanitaire, mais il s’intéresse rapidement aux personnes qui vivent en situation de précarité à travers le monde, et décrit les manières dont la pandémie aggrave sérieusement la situation des réfugiés, des enfants recrutés dans des armées, des filles mariées de force, et des femmes plus généralement. La situation actuelle entraîne une augmentation des cas de mariages de mineurs, de la violence fondée sur le sexe et d’autres torts causés aux filles et aux femmes. Les organismes humanitaires manquent de financement et de soutien, et ils documentent en ce moment des situations qui s’aggravent pour les plus vulnérables de la planète pendant cette pandémie.

What does it mean to be made vulnerable in the era of COVID-19?
Ahmad, A., Chung, R., Eckenwiler, L., Ganguli, A. M., Hunt, M., […] et Wild, V. (2020).
https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(20)30979-X.pdf
1 page.

Cette courte lettre éditoriale met en cause et analyse les enjeux entourant le cadrage du concept de vulnérabilité. Il propose un changement d’interprétation qui s’éloigne de l’idée d’« être » vulnérable pour privilégier l’idée « d’être rendu » vulnérable. Les auteurs affirment que si l’on cherche à se pencher sur ce que signifie être vulnérable, on risque de ne pas suffisamment éviter le risque d’individualiser et de pathologiser les capacités et l’agentivité   des personnes. Ils soutiennent qu’il faudrait plutôt mettre l’accent sur les facteurs sociaux contextuels qui rendent les gens vulnérables. Dans un contexte de pandémie ou d’urgence, il est essentiel de s’occuper des besoins, des intérêts et des connaissances des groupes socialement marginalisés et de les prendre au sérieux, afin de prévenir une augmentation des disparités de santé et de la discrimination. « Nous pouvons prévenir les injustices épistémiques consistant à ne pas écouter et à faire taire, et éviter de définir l’agentivité  morale de façon à perpétuer la vulnérabilité en temps de pandémie mondiale » (traduction libre).

Santé autochtone

Covid-19 and the decolonization of Indigenous public health
Richardson, L. et Crawford, A. (2020).
https://www.cmaj.ca/content/cmaj/192/38/E1098.full.pdf
3 pages.

Dans cet article, les auteures traitent de la santé publique autochtone en contexte de COVID-19, et elles appellent à la décolonisation. Un accès équitable au logement, à l’eau, à la nourriture et au revenu (des éléments qui sont tous liés à des politiques touchant la « distribution de l’argent, du pouvoir et des ressources » [traduction libre] dans la société) est nécessaire pour que les communautés soient en mesure de répondre à une pandémie. Au-delà des inégalités durables dans les déterminants de la santé, les expériences relatives à la santé des peuples autochtones sont aussi liées au racisme systémique qui existe dans la société et dans le système de santé. Les auteures notent qu’en dépit des inégalités et de la colonisation (passée et présente), les taux de COVID-19 dans les communautés autochtones ont jusqu’à maintenant été plus faibles que dans l’ensemble de la société, ce qui met en lumière de nombreuses forces et plusieurs réussites de la santé publique et de la préparation aux situations d’urgence dans les communautés autochtones. Elles réclament une santé publique autochtone autonome au Canada qui s’inspire des principaux éléments des approches occidentales à la santé publique et qui soit « ancrée dans les principes d’autodétermination des peuples autochtones tels qu’ils sont définis dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones de 2007 pour déterminer leur propre chemin vers la guérison et vers la santé de leurs communautés » (traduction libre).

Covid 19 update from the Waakebiness-Bryce Institute for Indigenous Health
Waakebiness-Bryce Institute for Indigenous Health. (2020).
http://www.dlsph.utoronto.ca/institutes/wbiih/
2 pages (approx.).

Cette mise à jour donne un contexte pour comprendre que les personnes autochtones sont déjà très marginalisées et qu’elles seront plus durement touchées par la COVID-19, notamment pour les raisons suivantes : les difficultés économiques, la difficulté de pratiquer la distanciation ou l’auto-isolement en raison de logements surpeuplés et inadéquats, les problèmes d’accès aux soins de santé et la qualité de ceux-ci, les fardeaux de santé actuels, le manque d’eau, la difficulté de circuler pour avoir accès à des traitements ou à des provisions, et la précarité des emplois, entre autres. Les auteurs notent plusieurs enjeux actuels : les personnes autochtones sont plus vulnérables à la propagation dans la communauté; les populations autochtones en milieu urbain sont ignorées par les autorités; les communautés autochtones ne reçoivent pas de messages clairs, et la mésinformation circule chez elles; les guérisseurs et les aînés ne sont pas consultés; le gouvernement impose des modèles coloniaux de santé publique et de santé dans les réserves et en milieu urbain, en se concentrant uniquement sur des services biomédicaux. Le Waakebiness-Bryce Institute for Indigenous Health et la Well Living House préparent une Réponse à la COVID-19 pour les autochtones en milieu urbain, qui doit être publiée dès que possible.

Highlights from a Covid-19 fireside chat with Indigenous health professionals
Yellowhead Institute. (2020).
https://yellowheadinstitute.org/resources/highlights-from-a-covid-19-fireside-chat-with-indigenous-health-professionals/
4 pages.

Ce document présente les faits saillants d’un webinaire organisé par Idle No More et Indigenous Climate Action, auquel ont participé des professionnels de la santé et des chefs de file autochtones. Il vise à informer les planificateurs de la santé autochtone qui se préparent à combattre la COVID-19. Les présentateurs ont souligné que « c’est le temps de réfléchir, de trouver des ancrages dans les méthodes autochtones, et de considérer ce à quoi pourraient ressembler des stratégies autochtones visant à favoriser la santé et le mieux-être des familles et des communautés » (p. 1, traduction libre). Le document offre des orientations sur la distanciation sociale, le port de gants et de masques, les soins à apporter aux enfants, les remèdes traditionnels, et les rassemblements et la participation à des cérémonies. Il conclut avec des paroles d’espoir et d’encouragement : puisez de la force dans votre famille et votre communauté, honorez les aînés, prenez soin de vous-mêmes, et faites confiance à ce que l’on sait.

Vaccination

A framework for the systematic consideration of ethics, equity, feasibility, and acceptability in vaccine program recommendations
Ismail, S. J., Hardy, K., Tunis, M. C., Young, K., Sicard, N. et Quach, C. (2020).
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264410X20306964?via%3Dihub
17 pages.

Ce cadre de référence cherche à harmoniser la considération systématique de facteurs programmatiques (éthique, équité, faisabilité et acceptabilité) et de facteurs scientifiques traditionnels pour guider la prise de décision dans l’élaboration de lignes directrices en matière de vaccination. Les auteurs ont créé des outils d’accompagnement pour chaque facteur programmatique, afin que chacun soit systématiquement considéré dans le contexte du cadre de référence global. L’instrument éthique est adapté du cadre d’éthique 2017 de l’Agence de la santé publique du Canada, lequel comporte cinq étapes et considère à la fois les dimensions éthiques centrales (respect des personnes et des collectivités, bienfaisance, non-malfaisance, confiance et justice) et les considérations procédurales (imputabilité, inclusivité, responsabilité, réactivité et transparence). La matrice de l’équité a été adaptée au contexte des programmes de vaccination et permet de reconnaître des inégalités potentielles, de déterminer les raisons de ces inégalités et les interventions pouvant aider à les réduire.. Les matrices de faisabilité et d’acceptabilité offrent des guides systématiques similaires. Les auteurs disent que le travail considérable qui a abouti à la production de ce cadre de référence et des outils d’accompagnement peut réduire le temps et le travail de ceux et celles qui cherchent à produire des lignes directrices.

Application du cadre ÉÉFA – Analyse éthique des options pour l’administration d’une deuxième dose de vaccin contre la COVID-19 dans le contexte d’un approvisionnement limité en vaccins. Annexe C des Recommandations sur l’utilisation des vaccins contre la COVID-19.
Gouvernement du Canada. Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI). (2021).
https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/immunisation/comite-consultatif-national-immunisation-ccni/recommandations-utilisation-vaccins-covid-19.html#annc
10 pages (approx).

Ce document, qui s’inscrit dans le cadre des travaux en cours du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) sur l’attribution des vaccins au Canada, décrit la manière dont le cadre « Éthique, équité, faisabilité et acceptabilité » (ÉÉFA) (voir ci-dessous pour en savoir plus) a été employé pour éclairer les délibérations au sujet de la manière de déployer les deuxièmes doses de vaccins contre la COVID-19 disponibles. La principale question consiste à se demander s’il faut garder les deuxièmes doses de façon à respecter l’administration recommandée de deux doses de vaccins, mais à moins de personnes, ou s’il faut toutes les utiliser comme premières doses pour offrir une immunisation partielle à un plus grand nombre de gens. Le comité a réalisé une analyse fondée sur les trois premières des cinq étapes du cadre de référence : (1) définir le problème et le contexte; (2) déterminer les questions éthiques (compte tenu du respect des personnes et des communautés, de la bienfaisance et de la non-malfaisance, de la proportionnalité, de l’efficacité, de la prudence, de la réciprocité, de la justice et de la confiance); (3) déterminer et évaluer les options; (4) sélectionner et mettre en œuvre le meilleur plan d’action; et (5) évaluer. Ils recommandent que les provinces et les territoires consultent cette analyse afin d’éclairer, sur le plan éthique, leurs décisions quant à la manière de réaliser les étapes (4) décider et mettre en œuvre et (5) évaluer.

An ethical framework for global vaccine allocation
Emanuel, E. J., Persad, G., Kern, A., Buchanan, A., Fabre, C., […] et Richardson, H. S. (2020).
https://science.sciencemag.org/content/369/6509/1309/tab-pdf
4 pages.

Les auteurs de ce document cherchent à définir un processus équitable pour la distribution à l’échelle mondiale de vaccins lorsque ceux-ci seront disponibles. Ils proposent ce qu’ils ont nommé le modèle équitable de priorisation (Fair Priority Model). Ils invitent les organisations de santé internationales, les gouvernements nationaux et les producteurs de vaccins à adopter ce modèle dans l’espoir d’éviter un « nationalisme vaccinal » (traduction libre). Ils font plutôt appel aux valeurs qui consistent « à aider les personnes et à limiter les effets négatifs, à prioriser les plus défavorisés et à témoigner d’un souci moral égal » (p. 1309-1310, traduction libre). Le modèle équitable de priorisation vise à réduire trois types d’effets négatifs : les effets directement liés à la maladie; les effets secondaires causés par la pression sur le système de santé, les effets sur la santé mentale, etc.; et les effets négatifs découlant du chômage et de la pauvreté dus aux répercussions économiques. Les auteurs proposent que la répartition à l’échelle nationale se déroule en trois phases : (1) commencer par le nombre d’années de vie gagnées par dose afin de réduire les décès prématurés; puis (2) tenir compte des années de vie combinées au potentiel de réduction de la pauvreté par dose afin de favoriser les économies et de réduire la précarité;  puis (3) cibler les pays ayant des taux de transmission plus élevés afin de réduire la transmission dans la communauté.

Avis préliminaire sur les groupes prioritaires pour la vaccination contre la COVID-19 au Québec
Comité sur l’immunisation du Québec. Institut national de santé publique du Québec. (2020).
https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/3085-groupes-prioritaires-vaccination-covid19.pdf
78 pages.

Les  auteurs proposent cinq valeurs pour justifier le choix des principaux objectifs d’un programme d’immunisation contre la COVID-19 et les priorités qui seront établies pour l’attribution des vaccins dans un contexte de disponibilité restreinte : la bienfaisance, l’équité, la justice, la réciprocité et la non-malfaisance. Le principal objectif consiste à réduire les maladies graves et les décès. Les critères de priorisation des groupes à cibler sont fondés sur les risques associés i) à l’âge, ii) à l’existence d’une ou de plusieurs pathologies, iii) au milieu de travail et iv) au milieu de vie. Les auteurs proposent de prioriser l’accès à l’immunisation contre la COVID-19 dans l’ordre suivant : 1) les résidents des centres d’hébergement et de soins de longue durée; 2) les travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux qui sont en contact avec des personnes à risque; 3) les personnes qui vivent en résidence privée pour aînés; 4) les communautés isolées et éloignées qui comportent souvent une forte proportion de personnes ayant des problèmes de santé chroniques et vivant dans des logements exigus; 5) les personnes âgées de 80 ans ou plus; 6) les personnes âgées entre 70 et 79 ans; 7) les personnes âgées entre 60 et 69 ans; 8) les personnes adultes de moins de 60 ans qui ont une maladie chronique ou qui sont plus à risque; 9) les adultes de moins de 60 ans qui assurent des services essentiels et qui sont en contact avec des personnes plus à risque; 10) le reste de la population adulte; (les deux autres catégories de personnes seront à considérer, en fonction de l’innocuité de la vaccination) 11) les enfants; et 12) les femmes enceintes. Cette priorisation préliminaire est sujette à révision.

Constructing an ethical framework for priority allocation of pandemic vaccines
Fielding, J., Sullivan, S. G., Beard, F., Macartney, K., Williams, J., […] et McVernon, J. (2021).
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7779078/pdf/main.pdf
9 pages.

Pour produire ce document, les auteurs ont examiné la littérature portant sur les lignes directrices en matière d’attribution des vaccins et sur les plans d’intervention en cas de pandémie, ils ont interviewé des informateurs clés au sujet de leurs expériences passées, des lignes directrices actuelles et des nouvelles stratégies, et ils ont modélisé différentes stratégies de vaccination. Ils ont présenté les données probantes existantes à un panel national afin que celui-ci en délibère, pour ensuite produire un cadre de référence en matière de priorités vaccinales. À partir de ces travaux, les auteurs ont défini trois objectifs majeurs d’un cadre de référence pour l’attribution des vaccins : (1) créer et maintenir la confiance, une exigence générale constante; (2) promouvoir l’équité; et (3) se concentrer sur les résultats. Les points (2) et (3) demandent une interprétation minutieuse de l’évolution des données probantes dans leur contexte. Les auteurs notent qu’il est important de bien expliquer, avant qu’une situation d’urgence apparaisse, les objectifs d’une intervention de lutte contre une pandémie et les manières dont ces objectifs concernent les groupes prioritaires. Ils définissent les groupes prioritaires pour le contexte australien en les divisant en deux niveaux de priorité. Le niveau le plus élevé inclut les travailleurs de la santé et les personnes qui s’identifient comme membres des Premières Nations.

COVID-19 and mandatory vaccination: Ethical considerations and caveats. Policy brief 13 April 2021
World Health Organization Ethics and COVID-19 Working Group. (2021).
https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/340841/WHO-2019-nCoV-Policy-brief-Mandatory-vaccination-2021.1-eng.pdf
5 pages.

Les auteurs de ce document définissent les considérations et les mises en garde d’ordre éthique dont les gouvernements et les décideurs devraient discuter lorsqu’ils envisagent la vaccination obligatoire. Celles-ci comprennent i) la nécessité et la proportionnalité; ii) l’existence de données probantes suffisantes sur l’innocuité des vaccins; iii) l’existence de données probantes suffisantes de l’efficacité des vaccins; iv) un approvisionnement suffisant; v) la confiance du public; et vi) le processus de prise de décisions éthique. Après avoir présenté ces considérations, les auteurs les appliquent à trois contextes précis afin d’examiner la façon dont les mesures concernant la vaccination obligatoire pourraient avoir une incidence sur la population en général, les enfants en milieu scolaire et les travailleurs de la santé. Ils concluent en soulignant que les gouvernements devraient s’efforcer d’atteindre l’immunité collective par la vaccination volontaire au sein de la population et envisager d’imposer la vaccination seulement si les méthodes moins restrictives échouent.

Covid-19 vaccination certificates: Prospects and problems
Kofler, N. et Baylis, F. (2021).
https://www.thehastingscenter.org/covid-19-vaccination-certificates-prospects-and-problems/
4 pages (approx.).

Dans ce court article recommandant la prudence en ce qui concerne les passeports ou certificats vaccinaux, les auteures, qui avaient précédemment soutenu que ces passeports pouvaient poser problème sur le plan de la vie privée, du risque de discrimination et de l’augmentation des inégalités sociales, soulèvent d’autres préoccupations à la lumière de nouveaux faits. Elles préviennent que les politiques i) doivent être fondées sur des données probantes (p. ex., tenir compte des données probantes sur le niveau et la durée de la transmissibilité chez les personnes vaccinées); ii) ne doivent pas renforcer davantage l’iniquité (p. ex., permettre les déplacements internationaux vers des endroits où les vaccins ne sont pas encore disponibles); iii) ne doivent pas exacerber la méfiance (p. ex., parmi les populations marginalisées qui peuvent se méfier des autorités et donc hésiter à se faire vacciner), et iv) doivent être alignées sur les objectifs de santé publique (c.-à-d. réduire la transmission virale) et non simplement sur la relance de l’économie ou le retour à la « normale ».

Ethical allocation of future Covid-19 vaccines
Gupta, R. et Morain, S. R. (2020).
https://jme.bmj.com/content/medethics/early/2020/12/16/medethics-2020-106850.full.pdf
5 pages.

Dans cet article, les auteurs fondent leur approche en matière d’attribution éthique des vaccins sur trois principaux objectifs éthiques : (1) réduire la morbidité et la mortalité; (2) minimiser les fardeaux économiques et sociaux causés par la pandémie; et (3) réduire les inégalités injustes. Avec ces objectifs en tête, ils ont examiné cinq approches en matière de priorisation des vaccins, évalué leur efficacité à faire avancer chacun des trois objectifs, et tenu compte de variables pouvant influencer leurs résultats. Parmi les cinq approches de priorisation analysées (lesquelles ciblent soit [i] les personnes les plus vulnérables sur le plan de la morbidité et de la mortalité; [ii] le cycle de vie, pour maximiser les chances de vivre toutes les étapes de la vie; [iii] l’instrumentalité ou l’utilité à la société, comme c’est le cas des travailleurs de la santé et des travailleurs essentiels; [iv] un accès égal pour tous; et [v] une réduction stratégique de la propagation de la COVID-19 en se concentrant sur les situations de groupes, par exemple, et sur les personnes qui sont les plus susceptibles de transmettre le virus), aucune n’a semblé faire avancer les trois objectifs. Les auteurs recommandent l’adoption d’une approche équilibrée qui se concentre sur la vulnérabilité, sur le cycle de vie et sur l’instrumentalité, et suggèrent de donner priorité aux personnes situées aux croisements de ces groupes.

Good reasons to vaccinate: Mandatory or payment for risk?
Savulescu, J. (2021).
https://jme.bmj.com/content/medethics/47/2/78.full.pdf
8 pages.

L’auteur de cet article soutient que la vaccination obligatoire peut être justifiée en présence des quatre conditions suivantes : i) la menace pour la santé publique est grave; ii) le vaccin est à la fois sûr et efficace; iii) le vaccin est meilleur que les solutions de rechange; et iv) le degré de coercition est proportionnel. Dans les cas où il est jugé que des mesures coercitives seraient disproportionnées compte tenu des risques élevés, perçus ou incertains associés à la vaccination, l’auteur propose de renforcer les mesures d’encouragement en payant les gens pour qu’ils acceptent les risques associés à la vaccination, comme on le fait pour indemniser les travailleurs qui occupent des emplois dangereux dans le domaine de la construction, par exemple. L’auteur soutient qu’il s’agit peut-être d’une façon moralement supérieure d’augmenter les taux de vaccination dans ces circonstances par rapport à des approches plus coercitives.

Instead of vaccine passports, let’s push for global justice in vaccine access
Arguedas-Ramirez, G. (2021).
https://thehastingscenter.org/instead-of-vaccine-passports-lets-push-for-global-justice-in-vaccine-access/
2 pages (approx.).

L’auteure de ce court article remet en question le bien‑fondé des passeports vaccinaux, soutenant que les avantages reviendraient aux pays riches ou aux personnes mieux nanties au sein des pays qui sont en mesure d’avoir accès aux vaccins alors que d’autres ne le peuvent pas. Compte tenu des inégalités mondiales actuelles en matière d’accès aux vaccins, l’auteure pose la question suivante : « Pourquoi un bioéthicien ou un professionnel de la santé considérerait-il que les certificats de vaccination sont éthiques, alors que la production et la distribution des vaccins contre la COVID‑19 ont été terriblement injustes? » (p. 2). Citant des exemples d’accès inéquitable, l’auteure conclut que « la position éthique décolonisée consiste à rejeter les certificats de vaccination contre la COVID‑19 et, surtout, à consacrer tous les efforts – politiques, intellectuels et sociaux – à la tâche d’accroître la production mondiale de vaccins le plus rapidement possible et de les distribuer à l’échelle mondiale » (p. 2).

Mandatory vaccination for health care workers: An analysis of law and policy
Flood, C. M., Thomas, B. et Wilson, K. (2021).
https://www.cmaj.ca/content/cmaj/early/2021/01/19/cmaj.202755.full.pdf
4 pages.

Les auteurs de cette analyse ont voulu répondre à la question de savoir si les gouvernements, les organisations de soins de santé et les établissements privés de soins de longue durée devraient envisager d’obliger les travailleurs de la santé à se faire vacciner contre la COVID-19. Bien que les auteurs tiennent compte des précédents juridiques et politiques et qu’ils jugent que les gouvernements provinciaux (plutôt que les employeurs individuels) sont les mieux placés pour réussir à mettre en œuvre la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé, ils adoptent également une position éthique normative en déclarant que les autorités provinciales devraient effectivement rendre cette vaccination obligatoire. Après avoir analysé une gamme de contestations qui pourraient être soumises par des dissidents sur la base des lois du travail et de la Charte canadienne des droits et libertés, les auteurs soutiennent que dans le contexte actuel, avec la COVID-19, une obligation de vaccination peut être justifiée, du moins pour le moment, au motif que nous devons maximiser la main-d’œuvre des soins de santé qui est disponible pour traiter les patients.

Multivalue ethical framework for fair global allocation of a Covid-19 vaccine
Liu, Y., Salwi, S. et Drolet, B. (2020).
https://jme.bmj.com/content/medethics/early/2020/06/12/medethics-2020-106516.full.pdf
3 pages.

Les auteurs observent qu’une attribution équitable d’un vaccin à l’échelle internationale sera peu probable sans cadre de référence en matière d’éthique, et ils indiquent que les obstacles à l’accès auxquels font face les pays à faible revenu sont exacerbés durant une pandémie. Ils analysent les revendications de priorité liées à quatre paradigmes d’attribution : (1) la capacité de payer — l’accès dépend de la capacité qu’a une nation de produire le vaccin ou de l’acheter; (2) la réciprocité — les pays en développement qui contribuent au développement d’un vaccin devraient aussi en bénéficier; (3) la capacité de mise en œuvre — les bénéfices d’un vaccin seront maximisés en l’attribuant aux pays ayant les infrastructures d’administration du vaccin les plus développées; (4) la justice distributive pour les pays en développement — la priorité est accordée à ceux ayant le plus grand fardeau de maladies, le plus grand risque de transmission et le plus grand manque d’accès aux soins. Afin d’atténuer les disparités internationales et locales, les auteurs proposent un cadre de référence en matière d’éthique multivaleurs qui comprend trois principes et un système de points pour prioriser l’accès des pays aux vaccins : la capacité de prodiguer des soins (une faible capacité entraîne un score élevé), la capacité de mise en œuvre (une grande capacité entraîne un score élevé) et la réciprocité (la participation au développement et aux essais entraîne un score élevé).

Orientations préliminaires sur les principales populations à immuniser en priorité contre la COVID-19
Gouvernement du Canada. Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI). (2020).
https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/immunisation/comite-consultatif-national-immunisation-ccni/orientations-principales-populations-immuniser-priorite-covid-19.html
60 pages (approx.).

Ce document préliminaire (novembre 2020) du CCNI offre des orientations pour planifier l’attribution « efficace, utile et équitable » des vaccins approuvés contre la COVID-19 lorsque l’approvisionnement est limité et que certaines populations doivent être immunisées en priorité avant les autres. L’objectif principal consiste à « réduire au minimum le risque de maladie grave et de décès » ainsi que les perturbations sociales. Cette démarche a été informée par un examen de la situation actuelle en ce qui concerne des vaccins contre la COVID-19, par un examen rapide des facteurs de risque de COVID-19 grave, par une enquête menée auprès de parties prenantes expertes, et par une évaluation des considérations en matière d’éthique, d’équité, de faisabilité et d’acceptabilité (suivant le cadre d’Ismail et al.  DOI : 10.1016/j.vaccine.2020.05.051). La démarche a tenu compte de plusieurs facteurs, dont des analyses risques/avantages, les caractéristiques des vaccins, le stock de vaccins et les conditions épidémiologiques changeantes. Les principales populations à immuniser incluent les personnes risquant fortement de développer une forme grave de la COVID-19 ou d’en mourir; les personnes les plus susceptibles de la transmettre à celles-ci; les travailleurs essentiels au maintien de la réponse à la COVID-19; les personnes contribuant au maintien d’autres services essentiels au fonctionnement de la société; et les personnes exposées à un risque élevé d’infection et chez lesquelles l’infection pourrait avoir des conséquences disproportionnées.

Orientations sur l’administration prioritaire des premières doses du vaccin contre la COVID-19
Gouvernement du Canada. Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI). (2020).
https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/immunisation/comite-consultatif-national-immunisation-ccni/orientations-administration-prioritaire-premieres-doses-vaccine-covid-19.html
10 pages (approx.).

Dans  ce document (page Web consultée le 8 décembre 2020), informé par les Orientations préliminaires sur les principales populations à immuniser en priorité contre la COVID-19 (juste au-dessus), les auteurs offrent des recommandations pour la planification de l’attribution efficace, efficiente et équitable d’un vaccin lors d’un approvisionnement limité. Ces recommandations se fondent sur les plus récents renseignements au sujet des caractéristiques du vaccin, des résultats des essais cliniques et du nombre de doses disponibles. Les recommandations pourront être mises à jour à mesure que les données probantes apparaissent. Les populations à immuniser en priorité contre la COVID-19 incluent : (étape 1) « résidents et personnel des milieux de vie collectifs qui fournissent des soins aux personnes âgées; adultes de 70 ans et plus, en commençant par les adultes de 80 ans et plus, puis en diminuant la limite d’âge par tranches de 5 ans jusqu’à 70 ans au fur et à mesure de l’approvisionnement; travailleurs de la santé (y compris tous ceux qui travaillent dans les milieux de soins de santé et les préposés aux services de soutien à la personne dont le travail requiert un contact direct avec les patients); adultes dans les communautés autochtones où l’infection peut avoir des conséquences disproportionnées; » (étape 2) « travailleurs de la santé non compris dans le déploiement initial; résidents et personnel de tous les autres milieux de vie collectifs (p. ex. les logements pour travailleurs migrants, les établissements pénitentiaires, les refuges pour les personnes itinérantes); travailleurs essentiels ».

Persuasion not coercion or incentivisation, is the best means of promoting COVID-19 vaccination
Pennings, S. et Symons, X. (2021).
https://jme.bmj.com/content/medethics/early/2021/01/26/medethics-2020-107076.full.pdf
3 pages.

Dans cette réponse à l’article de Julian Savulescu intitulé Good reasons to vaccinate: Mandatory or payment for risk?, (également résumé dans la présente section), les auteurs conviennent avec M. Savulescu que les gouvernements ont la stricte obligation de réduire la propagation de la COVID‑19 et qu’il est peu probable qu’un pourcentage suffisant de la population choisira de se faire vacciner pour atteindre l’immunité collective. Cependant, contrairement à M. Savulescu, les auteurs s’opposent à la vaccination obligatoire et aux mesures d’encouragement monétaires ou de toute autre nature. Ils plaident plutôt pour (r)établir une confiance sociale, une approche qui, bien que longue et complexe, est moins risquée que les approches fondées sur les mesures d’encouragement ou la coercition. Cela exige des efforts de communication, de transparence et de sensibilisation sociale, de même que du temps pour répondre aux préoccupations exprimées par les communautés qui hésitent à se faire vacciner.

The Advisory Committee on Immunization Practices’ ethical principles for allocating initial supplies of Covid-19 vaccine – United States 2020
McLung, N., Chamberland, M., Kinlaw, K., Matthew, D. B., Wallace, M., […] et Dooling, K. (2020).
https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/pdfs/mm6947e3-H.pdf
5 pages.

Le US Advisory Committee on Immunization Practices définit des principes visant à guider l’élaboration de recommandations sur l’attribution de vaccins lorsque les stocks sont limités. Ces quatre principes sont : (1) maximiser les bénéfices et minimiser les effets négatifs, (2) promouvoir la justice, (3) atténuer les inégalités de santé, et (4) promouvoir la transparence. Pour chaque principe, les auteurs proposent plusieurs questions permettant d’aider à faire en sorte que ce principe soit respecté au moment de réfléchir au mode d’attribution. Ensuite, ils appliquent ces principes, discutant certaines des implications de chacun d’entre eux pour quatre groupes susceptibles d’être parmi les premiers à recevoir le vaccin : les travailleurs de la santé, les travailleurs essentiels, les adultes ayant un problème de santé qui les rendent plus à risque, et les personnes âgées de 65 ans et plus.

The Coronavirus vaccines are here. Now what?
Goldenberg, M. (2020).
https://impactethics.ca/2020/12/18/the-coronavirus-vaccines-are-here-now-what/
3 pages (approx.)

Dans cet article, l’auteure souligne que son message n’est pas anti-vaccins, mais qu’il constitue plutôt un appel à une intervention globale contre la COVID-19 qui inclut une remise en question et une intervention sur les structures et les institutions sociales qui n’ont pas réagi de façon adéquate à la crise de la COVID-19. Les vaccins contre la COVID-19 ne sont pas une panacée, et ils ne devraient pas nous permettre de négliger d’autres nécessités cruciales de la lutte contre une pandémie, comme des infrastructures de santé publique plus robustes, au pays comme à l’étranger. L’auteure conclut en disant que la « pandémie a souligné la nécessité de meilleures stratégies visant à nous organiser nous-mêmes par rapport à notre environnement, aux animaux, et aux autres personnes, grâce à des systèmes politiques et économiques plus justes » (traduction libre).

The COVID‑19 vaccines rush: Participatory community engagement matters more than ever
Burgess, R. A., Osborne, R. H., Yongabi, K. A., Greenhalgh, T., Gurdasani, D., […] et McKee, M. (2021).
https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(20)32642-8.pdf
3 pages.

Dans cet article, les auteurs présentent plusieurs écueils et considérations contextuelles qui peuvent avoir une incidence sur le déploiement et l’adoption des vaccins contre la COVID‑19, et dont un grand nombre sont liés à des inégalités. En réfléchissant à la possibilité que les erreurs augmentent et renforcent la méfiance de certaines communautés à l’égard des autorités, les auteurs présentent une série de recommandations pour « susciter une participation significative de diverses communautés en prévision du déploiement des vaccins contre la COVID‑19 » (p. 10). Leurs recommandations, sous forme de tableau, établissent une voie à suivre pour favoriser la participation des communautés, en tenant compte des principaux objectifs, intervenants, responsabilités et mécanismes de prestation aux échelons local, régional et national. Les auteurs plaident en faveur d’une participation active des communautés, à partir de la base, pour produire de meilleurs résultats, accroître l’adoption des vaccins et économiser des ressources.

With first dibs on vaccines, rich countries have ‘cleared the shelves’
Twohey, M., Collins, K. et Thomas, K. (2020).
https://www.nytimes.com/2020/12/15/us/coronavirus-vaccine-doses-reserved.html
8 pages (approx.)

À partir des données obtenues par le New York Times au sujet des contrats pour des vaccins, cet article présente certains des enjeux associés au fait que des pays riches se sont procuré suffisamment de doses pour immuniser toute leur population à plusieurs reprises, en achetant à l’avance plusieurs vaccins expérimentaux de différentes compagnies, alors que des pays moins fortunés ne seront peut-être pas en mesure d’immuniser complètement leur population avant 2024. Certains États moins fortunés misent sur leurs forces nationales en matière de fabrication de médicaments ou sur d’autres moyens pour surmonter ces écarts, mais ils n’en sont pas tous capables. De plus, les pays plus riches se font compétition pour s’assurer de dates de livraison plus précoces, car la demande dépasse la capacité d’approvisionnement.

Établissement des priorités/répartition des ressources

A framework for rationing ventilators and critical care beds during the Covid 19 pandemic
White, D. B. et Lo, B. (2020).
https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2763953
6 pages.

Cet article répond à la question suivante : dans les circonstances actuelles, lorsque les priorités des cliniciens se déplacent d’une préoccupation à l’égard de patients particuliers vers une préoccupation à l’égard des besoins d’un grand nombre, lorsque la demande de respirateurs artificiels dépasse l’offre, sur quels critères devrait-on se baser pour prendre des décisions en ce qui concerne le rationnement? Les auteurs rejettent l’exclusion catégorique de n’importe quel groupe, qu’elle soit basée sur des maladies concomitantes ou sur n’importe quel autre trait. Ainsi, ils ne discriminent personne sous prétexte qu’ils « n’en vaudraient pas la peine ». Ils excluent l’idée d’utiliser la probabilité de survie comme seul critère de sélection pour le triage. Ils soutiennent plutôt que d’autres critères sont pertinents d’un point de vue éthique, comme les années de vie prévues (ce qui priorise la jeunesse), l’accès aux diverses étapes de la vie (ce qui priorise la jeunesse), et la valeur instrumentale (ce qui priorise les travailleurs de la santé). Les auteurs excluent explicitement les autres critères, qui n’auraient pas de pertinence morale (« le sexe, la race, le handicap intellectuel, le statut d’assurance, la richesse, la position sociale ou les liens sociaux »). Ils proposent un cadre qui emploie un système de points évaluant la probabilité de survie et la probabilité de survie à long terme, en modulant les scores pour favoriser les travailleurs de la santé. Si deux patients ont un score égal, la jeunesse serait le facteur décisif. Enfin, les auteurs abordent séparément le retrait et la réaffectation des respirateurs. Ils s’attardent à une affectation limitée dans le temps, mais pas trop brève, à l’attribution des décisions à des agents ou des équipes de triage, et à l’importance des soins palliatifs.

An ethics framework for making resource allocation decisions within clinical care: Responding to Covid 19
Sydney Health Ethics. (2020).
https://www.sydney.edu.au/content/dam/corporate/documents/faculty-of-medicine-and-health/research/centres-institutes-groups/she.-clinical-ethics.-resource-allocation-framework.-version-1.-2-april-2020.pdf
7 pages.

Les auteurs proposent un cadre de référence en matière d’éthique pour la répartition des ressources limitées. Ce cadre correspond à quatre objectifs cliniques : des soins appropriés par rapport au besoin, la continuité et la pérennité des systèmes de santé et de santé publique, le maintien de la confiance envers le système de santé, et la recherche et l’innovation pour améliorer les soins. Ils proposent de planifier, de définir des procédures, de désigner des comités de triage, et de valoriser trois conditions importantes : reconnaître que tous ont une valeur égale; tirer le maximum des ressources; et donner priorité aux personnes dans le besoin. Les auteurs proposent que la prise de décision suive les étapes suivantes : (1) définir le moment décisif (les conditions de pénurie); (2) déterminer l’admissibilité aux soins intensifs (p. ex., exclure les personnes qui les refusent, qui n’en ont pas besoin, ou qui sont en phase terminale); (3) catégoriser les candidats admissibles en leur attribuant une priorité allant d’élevée à faible (de « très susceptible de se rétablir » à « pourrait se rétablir »); (4) établir des priorités parmi les candidats à priorité élevée (à discuter et à justifier, mais il pourrait s’agir du personnel soignant, des aidants à domicile, des personnes autochtones, etc.); (5) réexaminer régulièrement le statut des patients et les ressources afin de rectifier le tir, le cas échéant. En matière de priorisation des ressources, les auteurs ne voient pas de raison valide de faire une distinction entre les patients atteints de la COVID-19 et ceux qui n’en sont pas atteints. Ils se penchent sur les obligations des organisations et des cliniciens, et sur l’importance de poursuivre les recherches.

Contextualizing ethics: Ventilators, H1N1 and vulnerable populations
Silva, D., Nie, J. X., Rossiter, K., Sahni, S. et Upshur, R. E. G. (2010).
https://www.longwoods.com/content/21613/healthcare-quarterly/contextualizing-ethics-ventilators-h1n1-and-marginalized-populations
6 pages.

Cet article de 2010 réfléchit aux critères de rationnement à adopter en cas de pénurie de respirateurs, dans le contexte de la crise du H1N1. Cette discussion est utile au regard des préoccupations actuelles. Les auteurs critiquent les critères qui étaient proposés à l’époque, car ceux-ci se fondaient principalement sur les principes d’utilité et d’efficience, c’est-à-dire l’idée de maximiser le plus grand bien pour le plus grand nombre. Ils notent qu’une telle approche agirait au détriment des populations marginalisées, des groupes qui sont déjà plus à risque, ce qui amplifierait les inégalités existantes. Par exemple, les personnes autochtones étaient touchées par le H1N1 de façon disproportionnée, et donc une application stricte des critères d’utilité et d’efficience pourrait ne pas être à leur avantage. Pour corriger cela, les auteurs recommandent d’ajouter d’autres principes à la discussion, comme l’équité (« distribuer les ressources en essayant de rectifier les inégalités sociales ») et le besoin (« prioriser les personnes qui se portent le plus mal ») (p. 34, traduction libre), et de consulter ceux et celles qui seraient touchés de façon disproportionnée afin de guider les décideurs.

Disablism in a time of pandemic: Some things don’t change
Scully, J. L. (2020).
http://www.ijfab.org/blog/2020/04/disablism-in-a-time-of-pandemic-some-things-dont-change/
4 pages (approx.).

Dans cet article de blogue, l’auteure aborde l’éthique du triage (les orientations morales indiquant ce qu’il faut faire si les lits de soins intensifs et les respirateurs ne suffisent pas aux besoins, ainsi que les manières de justifier les choix difficiles), affirmant qu’il existe un degré inquiétant de discrimination à l’encontre des personnes en situation de handicap dans les ressources publiées récemment. Pour répondre à celles-ci, l’auteure analyse les présomptions et les normes discriminatoires qui sont à l’œuvre, et elle présente des recommandations visant à produire de meilleures lignes directrices cliniques. Les présomptions disent que les personnes vivant en situation de handicap auraient un piètre état de santé, une faible qualité de vie et peu d’utilité sociale, ce qui laisse entendre qu’elles sont plus difficiles à sauver, que leur vie est moins importante, etc. Les normes non examinées concernant la forme, la fonction et les comportements humains influencent les orientations publiées de sorte qu’elles peuvent exclure la prise en considération, pour les soins intensifs, des personnes vivant en situation de handicap. Les recommandations sont les suivantes : les lignes directrices pour le triage devraient expliquer leur raisonnement; la situation de handicap ne devrait pas être utilisée pour représenter l’état de santé; les décisions concernant les soins intensifs devraient être fondées sur la santé de la personne, et non seulement sur les dossiers médicaux ou sur des présupposés; les décisions concernant les soins intensifs devraient exclure les critères généraux d’utilité sociale; et les lignes directrices pour le triage devraient affirmer explicitement que les personnes en situation de handicap ont une importance égale et méritent tout autant d’être soignées.

Fair allocation of scarce medical resources in the time of Covid 19
Emanuel, E. J., Persad, G., Upshur, R., Thome, B., Parker, M., Glickman, A., Zhang, C., Boyle, C., Smith, M. et Phillips, J. P. (2020).
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMsb2005114
7 pages.

Les auteurs indiquent que cette pandémie excédera très probablement les capacités des hôpitaux en ce qui concerne les unités de soins intensifs, les respirateurs artificiels, les équipements de protection individuelle (EPI) et le personnel. Considérant l’inévitabilité des pénuries, il est important de fixer des limites uniformes et éthiques en ce qui a trait aux ressources et de ne pas prendre de décisions ad hoc, dans le feu de l’action. Les analyses antérieures se sont concentrées sur quatre valeurs fondamentales qui peuvent servir de critères de rationnement : maximiser les bénéfices (années de vie gagnées), traiter les gens de façon égale (loterie), promouvoir la valeur instrumentale (prioriser le personnel soignant), et favoriser les plus mal en point (qu’il s’agisse des plus malades ou des plus jeunes — ceux et celles qui ont le plus à perdre). En s’appuyant sur ces quatre valeurs, les auteurs proposent six recommandations, en ordre de priorité : (1) maximiser les bénéfices en matière de vies sauvées et d’années de vie gagnées; (2) prioriser le personnel soignant; (3) toutes choses étant égales par ailleurs, l’égalité requiert une loterie plutôt que le critère « premier arrivé, premier servi »; (4) les données probantes, le contexte et le pronostic devraient éclairer les orientations en matière de priorisation; (5) les participants aux essais cliniques sur la COVID-19 devraient faire l’objet d’une certaine forme de priorisation en ce qui a trait aux interventions; et (6) il ne devrait pas y avoir de différence sur le plan de la répartition des ressources « entre les patients atteints de la COVID-19 et les personnes ayant d’autres problèmes de santé » (p. 6, traduction libre). Les auteurs proposent la désignation d’agents ou de comités de triage afin de dégager les cliniciens de ce fardeau.

ICU triage in an impending crisis: Uncertainty, pre-emption and preparation
Wilkinson, D. (2020).
https://jme.bmj.com/content/medethics/early/2020/04/01/medethics-2020-106226.full.pdf
2 pages.

L’auteur affirme que dans une situation de triage en contexte de pandémie, ce à quoi les unités de soins intensifs pourraient faire face à cause de la COVID-19, « à un niveau de base, les valeurs importantes sont celles des avantages et de la justice » (p. 1, traduction libre) : la notion d’avantages s’intéresse à la maximisation des résultats, tandis que celle de justice se concentre sur l’équité.  Lorsque la capacité des unités de soins intensifs n’est pas dépassée, on peut se concentrer sur l’équité. Mais lorsque les ressources se raréfient, l’équilibre des valeurs doit favoriser les avantages. Cela signifie privilégier les patients qui ont la plus grande chance de survie et dont le séjour aux soins intensifs sera le plus court. L’auteur tient compte de l’incertitude causée par l’approche d’une flambée pandémique et offre trois suggestions : planifier la révision des décisions de triage à mesure que la situation évolue; déterminer les manières de soutenir les cliniciens des soins intensifs dans leur prise de décision; et accepter que pendant une crise, il peut être raisonnable de cesser les traitements, en fonction de l’évolution des progrès d’un patient.

Not who, but what professional bioethicists should prioritize when responding to the Covid-19 pandemic?
Stramondo, J. (2020).
http://www.bioethics.net/2020/04/post-3-not-who-but-what-professional-bioethicists-should-prioritize-when-responding-to-the-covid-19-pandemic/
3 pages (environ).

Dans ce court article, l’auteur s’appuie sur les travaux de Shelley Tremain pour avancer qu’il est très difficile de surmonter les préjugés fondés sur la capacité physique dans l’application des protocoles de triage. Malgré les nombreux efforts déployés pour raffiner les protocoles afin de les rendre plus équitables, ces préjugés pourraient bien être insurmontables. Pendant ce temps, l’attention dirigée vers les protocoles nous distrait d’une discussion plus importante : comment réduire la nécessité même de prendre de telles décisions de triage. La nécessité de ces décisions de triage n’est pas inéluctable : elle dépend de choix politiques, sociaux et économiques faits en amont. Conséquemment, l’auteur avance que la bioéthique devrait plutôt chercher à réduire la nécessité d’un triage qu’à perfectionner les protocoles et formule deux recommandations précises en ce sens. D’abord, la bioéthique peut contribuer au maintien des ordres de confinement et pousser pour un filet de sûreté grâce auquel les citoyens et citoyennes restent à l’abri sans contrainte excessive. Ensuite, la bioéthique peut, grâce à son influence, pousser en faveur d’une accélération massive de la production d’équipement de protection individuelle. Avec ces deux mesures, la société sera mieux en mesure d’éviter les situations de triage, ce qui contribuera à réduire les injustices systémiques.

Pandemic palliative care: Beyond ventilators and saving lives
Arya, A., Buchman, S., Gagnon, B., & Downar, J. (2020).
https://www.cmaj.ca/content/cmaj/early/2020/03/31/cmaj.200465.full.pdf
5 pages.

Les auteurs adoptent un angle différent pour parler des questions de triage : ils étudient les difficultés liées à l’offre de soins palliatifs. Ils soutiennent que l’incapacité de fournir des soins palliatifs de haute qualité aux patients qui n’ont pas accès à un respirateur aggraverait la tragédie de la pandémie. Les soins palliatifs se concentrent sur trois grandes dimensions : gérer les symptômes; parler des souhaits, des attentes et des valeurs des patients; et soutenir les familles. L’article présente les principaux éléments à prendre en considération pour les soins palliatifs relatifs à la COVID-19 au Canada : ces services seront nécessaires dans plusieurs milieux de soins, y compris les unités de soins intensifs, les services d’hospitalisation, les urgences, ainsi que les centres de soins de longue durée (où les ressources sont particulièrement limitées); l’autonomie des patients concernant le choix de mesures permettant de prolonger leur vie ou le choix du lieu de leur mort peut être limitée, et certains patients pourraient être isolés; on a beaucoup écrit sur les manières de faire le triage en situation d’urgence, mais il existe peu de lignes directrices concernant les manières de prendre en charge les patients à qui on n’offre pas de mesures susceptibles de préserver leur vie; les autorités devraient prévoir les besoins relatifs aux soins palliatifs en préparant le matériel, le personnel, les espaces, les systèmes, les moyens de garder le contact avec les familles, et les plans de communication, en plus d’axer leurs efforts sur l’équité. Ces réflexions peuvent servir de guide pour garantir que le Canada offre des soins palliatifs efficaces pendant cette crise.

Structural racism, white fragility and ventilator rationing policies
Galarneau, C. (2020).
https://www.thehastingscenter.org/structural-racism-white-fragility-and-ventilator-rationing-policies/
2 pages (approx).

L’auteure de ce court article avance que de nombreux leaders en soins de santé se donnent un mal fou pour nier que leurs politiques affectent différemment les personnes de couleur et répètent que les handicaps, la race, l’origine ethnique et autres n’ont aucune portée sur leurs décisions en matière de soins. À son avis, il s’agit là d’un exemple de « fragilité des Blancs », ou white fragility, terme que l’on doit à Robin DiAngelo. Selon lui, « cet aveuglement par rapport à la race et au racisme provient en partie du fait que les Blancs ne se comprennent pas comme étant racisés, n’acceptent pas qu’ils forment le groupe racial dominant […] et qu’ils sont racialement privilégiés » (DiAngelo, p. 1, traduction libre). La voie à suivre exige que les Blancs, qui forment le groupe racial dominant, acceptent le fait qu’ils bénéficient d’une hiérarchie qui a nui aux autres, qu’ils reconnaissent que le racisme systémique existe au sein des établissements de santé et qu’ils s’en remettent aux personnes particulièrement touchées par le racisme pour avoir les connaissances essentielles pour y mettre un terme.

The toughest triage: Allocating ventilators in a pandemic
Truog, R. D., Mitchell, C., & Daley, G. Q. (2020).
https://www.nejm.org/doi/pdf/10.1056/NEJMp2005689
3 pages.

Ce court article du New England Journal of Medicine observe d’abord que les États-Unis seront bientôt confrontés à une pénurie de fournitures essentielles à une échelle jamais vue auparavant. En particulier, les pénuries de respirateurs artificiels entraîneront le type de rationnement le plus problématique. En temps de pénurie extrême, on peut imaginer des situations où un respirateur artificiel serait refusé ou retiré alors que son utilisation serait pourtant utile et pourrait sauver une vie. La détresse morale associée à la prise d’une telle décision est extrême, et les auteurs recommandent que les médecins soient dispensés de ces choix tragiques. La prise de décision devrait plutôt relever de comités de triage agissant selon des orientations préalablement rédigées. Les auteurs citent plusieurs avantages de cette approche : les médecins et les infirmières peuvent conserver leur rôle fiduciaire en tant que protecteurs de leurs patients, le fardeau moral de la décision est réparti sur les membres d’un comité et non sur une seule personne, les médecins peuvent être dégagés de la responsabilité de communiquer aux familles la décision de retirer un respirateur vital ainsi que de la tâche de retirer ledit respirateur. Bref, « la création et l’usage de comités de triage […] peuvent aider à atténuer l’énorme fardeau émotionnel, spirituel et existentiel auquel les soignants pourraient être exposés » (p. 2, notre traduction).

The way we ration ventilators is biased
Schmidt, H. (2020).
https://www.nytimes.com/2020/04/15/opinion/covid-ventilator-rationing-blacks.html
3 pages (approx.).

L’auteur de cet article convient que le rationnement peut être nécessaire et qu’à première vue, le modèle visant à sauver un maximum de vies semble juste. Toutefois, il avance que ce modèle comporte des préjugés intrinsèques qui désavantagent les groupes défavorisés sur le plan de la santé pour des raisons historiques et structurelles. La santé de base n’est pas la même pour tous : elle est beaucoup moins bonne chez les personnes à faibles revenus, en situation de handicap, sans assurance ou appartenant à des groupes racisés ou ethniques, et ce, principalement pour des raisons structurelles et historiques, qu’elles soient dues à l’environnement, au statut social ou autres. Ces facteurs créent des désavantages sur le plan de la santé, et les décisions de triage doivent en tenir compte. L’auteur suggère d’intégrer l’équité dans un système de pondération de façon à prendre en compte les désavantages historiques comme un critère dans la prise de décision en matière de triage, dépassant ainsi les simples critères de physiologie et d’espérance de vie.

Unblinded: Systematic racism, institutional oppression, and colorblindness
Sederstrom, N. O. (2020).
http://www.bioethics.net/2020/05/unblinded-systematic-racism-institutional-oppression-and-colorblindness/
3 pages (approx.).

Dans cet article, l’auteure présente deux mises en situation spéculatives impliquant la répartition de respirateurs et suit deux démarches différentes pour répondre à la question suivante : « La norme visant à “sauver le plus de vies” est-elle équitable, étant donné la réalité du racisme structurel? » (traduction libre). Dans ces mises en situation, deux patients ont besoin d’un respirateur. L’une est une femme noire atteinte de la COVID-19 et présentant des comorbidités, tandis que l’autre est un homme blanc atteint de la COVID-19 et sans comorbidités. L’auteure critique les efforts qui cherchent à inclure des considérations d’équité dans les normes de soins en temps de crise en intégrant l’analyse rétrospective aux processus, et elle soutient qu’il faut « désaveugler » les méthodes et mettre la race et l’équité à l’avant-plan.

Recherche et surveillance

Ethical standards for research during public health emergencies: Distilling existing guidance to support COVID-19 R&D
World Health Organization. (2020).
https://apps.who.int/iris/handle/10665/331507 
4 pages.

Après avoir souligné le devoir éthique de faire avancer la recherche pendant une situation d’urgence, ce document résume les principales normes éthiques de la recherche. Celles-ci sont les suivantes : la validité scientifique, le partenariat collaboratif, la participation juste et volontaire, un respect moral égal envers les participants et les communautés touchées, la valeur sociale, un rapport risques-avantages raisonnable et une revue indépendante. Le texte poursuit en présentant des exemples de l’application de ces normes lors d’une situation d’urgence. Les questions abordées incluent la coordination et la non-interférence avec les interventions d’urgence, la collaboration et la participation communautaire, l’adaptation des méthodologies d’évaluation éthique et de recherche, le recrutement des participants, le consentement éclairé, le partage des données et la distribution équitable des retombées de la recherche.

Health surveillance during Covid 19 pandemic: How to safeguard autonomy and why it matters
Calvo, R. A., Deterding, S. et Ryan, R. M. (2020).
https://www.bmj.com/content/bmj/369/bmj.m1373.full.pdf
2 pages.

Les auteurs de cet éditorial nous mettent en garde au sujet des nouvelles technologies en matière de surveillance de la santé (intelligence artificielle, reconnaissance faciale, exploration des données de localisation) qui nous permettent de suivre les trajectoires des gens, d’identifier les personnes infectées, de retracer les contacts et de faire appliquer la distanciation. En particulier, ils se concentrent sur les risques associés à « l’empiétement de la surveillance » (surveillance creep), qui survient quand les technologies utilisées pour une tâche précise sont déployées plus largement et de façon permanente. De tels usages élargis, qui dépassent une approche basée sur « des utilisations exceptionnelles lors de périodes exceptionnelles », peuvent avoir des effets négatifs sur les droits de la personne et sur le bien-être psychologique, plus particulièrement en raison de leur influence négative sur le sentiment d’autonomie des gens. Les auteurs suggèrent des manières de concevoir des outils de surveillance et d’intelligence artificielle, soulignant que la participation des citoyens dans le processus, la protection des données, et l’alignement des outils avec les valeurs des personnes surveillées sont des orientations prometteuses pour une solution de rechange productive qui considère le bien-être comme étant un objectif tout aussi valorisé.

Research in global health emergencies: Ethical issues. Short report
Nuffield Council on Bioethics. (2020).
https://www.nuffieldbioethics.org/publications/research-in-global-health-emergencies/read-the-short-report
9 pages.

Pour une présentation succincte du rapport en français (2 pages), voir: https://www.nuffieldbioethics.org/assets/pdfs/RGHE-French_translation.pdf
Ce document est le résumé d’un rapport de 308 pages. Il vise à appliquer une réflexion d’ordre éthique aux recherches menées dans les situations d’urgence, y compris celles liées aux maladies infectieuses. Les questions éthiques qui se posent dans les situations d’urgence sanitaire mondiale incluent les suivants : la conception des études et les processus de révision, le pouvoir et l’influence, les processus relatifs au consentement, l’équité en matière de collaboration, la gestion et le partage des données et des échantillons, et le fait d’offrir un soutien aux chercheurs sur le plan de l’éthique. Le document propose une « boussole éthique » pour qu’elle serve d’outil de réflexion. Celle-ci tourne autour de trois principaux repères : contribuer à la diminution de la souffrance (définir, prioriser et cibler les besoins), équité (collaborer, distribuer les effets positifs et négatifs de façon transparente) et égal respect (impliquer les communautés pour définir les valeurs, concevoir la recherche, et fournir des commentaires tout au long du processus).

WHO guidelines on ethical issues in public health surveillance
World Health Organization. (2016).
https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/255721/9789241512657-eng.pdf
56 pages.

Il s’agit d’un document de référence essentiel pour la surveillance de la santé publique. Il présente 17 principes directeurs pour la conception, le développement et la mise en œuvre éthiques de systèmes de surveillance. Les auteurs cadrent la surveillance comme étant une pratique de santé publique fondamentale, mais qui ne justifie néanmoins pas n’importe quelle activité. Plutôt, il faut trouver l’équilibre entre ces divers principes dans leur ensemble. Ceux-ci reflètent l’obligation des autorités d’effectuer la surveillance et de partager les données dans certaines circonstances afin de réaliser les objectifs de la santé publique, mais ces devoirs sont mis en parallèle avec les droits et les intérêts des individus et des populations, comme l’obligation de réduire les risques non nécessaires, de consulter les communautés et de respecter la vie privée et la confidentialité. Bien que ce document ne soit pas spécifique à la COVID-19, c’est une référence incontournable pour toute activité de surveillance.

Communication

Communication du risque pendant les urgences sanitaires : directives stratégiques et pratiques de l’OMS pour la communication sur les risques en situation d’urgence
Organisation mondiale de la Santé. (2017).
http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/272269/9789242550207-fre.pdf?ua=1
78 pages.

Ce document d’orientation aborde les difficultés relatives à la communication du risque qui sont apparues lors de récentes urgences de santé publique. Certains des principaux enjeux sont la transformation rapide des technologies de communication, la prépondérance des communications par téléphone cellulaire, l’utilisation et l’influence des médias numériques (au détriment des sources traditionnelles), la transformation de la manière dont les gens ont accès aux informations sur la santé et sur le crédit qu’ils y accordent, ainsi que les facteurs contextuels qui influencent la perception du risque et les comportements, entre autres. Le document présente trois grandes catégories de recommandations, sous les titres « Renforcer la confiance et mobiliser les populations touchées », « Intégrer la CRU [communication sur les risques en situation d’urgence] dans les systèmes de riposte sanitaire et d’urgence », et « Pratique de la CRU ». Dans chacune de ces catégories, on a attribué aux recommandations une force relative et une cote qualifiant la qualité des données probantes soutenant la recommandation.

Ethical issues in Covid-19 communication to mitigate the pandemic: Dilemmas and practical implications
Guttman, N. et Lev, E. (2020).
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10410236.2020.1847439
8 pages.

Dans cet article, les auteures décrivent les types et la complexité des problèmes éthiques liés à la communication en temps de pandémie. Les types d’enjeux éthiques sont discutés dans quatre sections : (1) les enjeux éthiques qui surviennent au moment de diffuser des informations sur les risques (y compris la communication de l’incertitude, la communication de la sévérité, les risques du recours aux tactiques alarmistes et aux cadrages guerriers); (2) les répercussions socioculturelles et médicales imprévues (y compris la communication et les inégalités, la stigmatisation, l’âgisme et les retards de traitement pour d’autres problèmes de santé); (3) la communication au sujet de pratiques d’atténuation précises (dont la recherche de contacts, l’hygiène, le port du masque et la distanciation); et (4) l’appel aux valeurs sociales de responsabilité, de compassion et de solidarité. Elles soutiennent que le fait de s’occuper de ces préoccupations renforcera la confiance, s’accordera avec les meilleures pratiques et améliorera l’efficacité et l’équitabilité des efforts de communication.

Guilt, fear, stigma and knowledge gaps: Ethical issues in public health communication interventions
Guttman, N. & Salmon, C. T. (2004).
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1467-8519.2004.00415.x (accès payant).
22 pages.

Pour accéder à un résumé adapté d’une page, cliquez ici : http://www.ccnpps.ca/docs/2017_eth_cadre_guttman_salmon_Fr.pdf
Dans cet article, les auteurs présentent huit thèmes qui peuvent aider à identifier les enjeux éthiques dans les interventions de communication en santé publique. Ces thèmes sont : publics cibles, consentement éclairé, tactiques de persuasion, responsabilité et culpabilité, réduction des méfaits, stéréotypes et stigmatisation, inégalités sociales et de santé, et promotion de la valeur « santé ». Cet article ne parle pas spécifiquement de pandémie ou d’urgence, mais il peut servir de document de référence.

Producing fear for the greater good? The ethics of truth and public safety during the Covid-19 pandemic
Williams, K. et Stroud, S. R. (2020).
https://mediaengagement.org/wp-content/uploads/2020/04/75-Truth-and-Effect-COVID-Case-Study.pdf
4 pages.

Dans cette étude de cas ou document de discussion publié en mai 2020, les auteurs, s’inspirant des expériences des premières semaines et des premiers mois de la pandémie de COVID-19, réfléchissent à l’éthique du recours à la peur (c.-à-d. le fait de communiquer au public que 40 % des patients hospitalisés avaient moins que 55 ans) pour motiver les jeunes adultes à respecter les mesures de précaution afin de limiter la propagation du virus. Selon les auteurs, bien que les messages publics avaient peut-être surévalué les nombres d’hospitalisations dans la cohorte des 20 à 54 ans (en raison de l’existence de cas asymptomatiques et du petit nombre de tests administrés dans la population), il y a des avantages et des risques à utiliser des « statistiques pas complètement infondées, mais néanmoins trompeuses » (p. 2, traduction libre) pour inspirer certains comportements. Ils concluent en offrant des questions de discussion ayant trait aux notions d’honnêteté, de contextualisation, de persuasion, de priorisation de la santé au détriment d’autres valeurs, ainsi qu’aux manières d’atteindre les objectifs de santé sans compromettre d’autres valeurs.

We need to change our thinking and communication, urgently, to beat Covid-19
Carter, S., Braunack-Mayer, A. & Degeling, C. (2020).
https://croakey.org/we-need-to-change-our-thinking-and-communication-urgently-to-beat-covid-19/
4 pages (approx.).

Les auteurs de cet article de blogue soulignent que nous sommes tous reliés; une pandémie nous le montre bien. Ils proposent l’adoption des valeurs publiques de la solidarité, de la réciprocité et du bien commun, car celles-ci sont les plus appropriées pour se pencher sur les enjeux éthiques lors d’une pandémie. Par contraste, ils indiquent que deux réactions individualistes (et non collectives) ont tendance à dominer la sphère des communications : le « Crocodile Dundee » (« il n’y a pas de problème », faire fi des risques et des ordonnances) et la préparation angoissée (accumuler des ressources, se préparer exagérément et causer des pénuries). Toutes deux reflètent un individualisme égoïste. Les auteurs affirment que ces réactions sont exacerbées par les médias pendant la pandémie, car les messages sont axés sur les menaces pour les individus et ont tendance à séparer un « nous » d’un « eux ». Les auteurs demandent un recadrage des communications médiatiques autour de la solidarité, de la réciprocité et du bien commun, des concepts que les Australiens connaissent bien et auxquels ils peuvent s’attacher si on les y encourage.

Santé mondiale, justice mondiale

Covid 19 in humanitarian settings and lessons learned from past epidemics
Lau, L. S., Samari, G., Moresky, R. T., Casey, S. E., Kachur, S. P., Roberts, L. F. et Zard, M. (2020).
https://www.nature.com/articles/s41591-020-0851-2.epdf
2 pages.

La COVID-19 a atteint 79 pays d’accueil de réfugiés, et la transmission s’étendra inévitablement aux populations déplacées hautement vulnérables. En se basant sur les leçons qu’ils ont tirées de l’expérience acquise lors de pandémies et d’épidémies antérieures, les auteurs présentent trois grandes recommandations. Premièrement, les services de santé essentiels doivent être maintenus pour réduire les morts additionnelles dues à la COVID-19, car les effets indirects des épidémies sur la santé (en raison des disruptions et de la réaffectation des ressources de santé) peuvent excéder le nombre de morts causées par la maladie, surtout en ce qui concerne les maladies chroniques. Deuxièmement, l’accès des réfugiés à la prévention, au contrôle, au dépistage et au traitement de l’infection est essentiel, car ces mesures que l’on sait protéger les communautés sont tout aussi importantes dans les camps surpeuplés et ayant peu de ressources, dans les zones urbaines à haute densité, dans les centres de détention, etc. Troisièmement, le contrôle d’une pandémie dépend de la participation et de la confiance de la communauté, puisque tous les efforts de détection, de communication et de confinement dépendent de la coopération de la population. Pour conclure, les auteurs notent que « la protection des plus vulnérables d’entre nous n’est pas qu’un impératif moral, mais un objectif de santé publique urgent : la santé des uns est la santé de tous » (p. 2, traduction libre).

World’s most vulnerable in “third wave” for Covid-19 support, experts warn
Ahmed, K. (2020).
https://www.theguardian.com/global-development/2020/mar/20/worlds-most-vulnerable-in-third-wave-for-covid-19-support-warn-experts
2 pages (approx.).

Ce court article affirme qu’un désastre s’annonce : les personnes les plus vulnérables sur la planète seront les dernières à recevoir du soutien pour affronter la COVID-19. En particulier, les pays qui traversent des crises humanitaires ou liées aux réfugiés n’auront pas les ressources nécessaires pour faire face à la pandémie lorsqu’elle les touchera. Les pays plus riches ont déjà de la difficulté à s’en sortir. Or, les pays ayant moins de ressources, qui ont actuellement relativement peu de cas, les pays dont les systèmes de santé sont plus faibles, n’ont pas encore été frappés. Il faut donc une approche plus mondiale en ce qui a trait au renforcement des systèmes de santé et à la coordination entre les organisations humanitaires et les gouvernements.

Les libertés civiles et les limites

Coronavirus: The effects on human rights
Amnesty International UK. (2020).
https://www.amnesty.org.uk/human-rights-uk/coronavirus-effect-human-rights
4 pages (approx.).

Ce document s’attarde au contexte du Royaume-Uni, mais il fait des affirmations générales au sujet du rôle et des responsabilités des gouvernements en ce qui concerne les droits de la personne et la COVID-19. Il affirme ainsi que les interventions en réponse à la COVID-19 doivent être encadrées par une attention portée aux droits de la personne. Ces derniers protègent les citoyens contre les pouvoirs de l’État et obligent les gouvernements à utiliser leurs pouvoirs pour protéger la santé et le mieux-être. Les auteurs réclament que les gouvernements s’assurent que les droits de la personne sont « au centre de tous les efforts de prévention, de préparation, de confinement et de traitement, afin de mieux protéger la santé publique et le mieux-être, et de soutenir les groupes et les personnes les plus à risque » (traduction libre). Les gouvernements devraient soutenir financièrement les personnes, en s’occupant d’abord des plus vulnérables et moins protégés. Les pouvoirs d’urgence doivent être temporaires, proportionnels, en accord avec les droits internationaux et soumis à un contrôle. Le document identifie les groupes exposés à un risque plus élevé et fait le lien entre la vulnérabilité et l’exclusion du système de soins de santé, en exigeant, d’abord et avant tout, du soutien et un respect pour les plus vulnérables.

Distanciation physique (ou sociale) : trouver l'équilibre entre les effets positifs et négatifs

Cohesion in distancing
Shen, M. (2020).
https://journalofethics.ama-assn.org/sites/journalofethics.ama-assn.org/files/2020-03/artm3-2004_0.pdf
2 pages.

Nous vous recommandons de cliquer sur ce lien, car il s’agit d’une œuvre d’art visuel. L’artiste est le Dr Michael Shen, un médecin de New York. Dans son commentaire, il note que comme on nous demande désormais de nous distancier les uns des autres, ce qui est contraire aux besoins et aux normes humains, cela évoque une tension dramatique entre la séparation et le vivre ensemble. En nous éloignant les uns des autres, nous montrons notre cohésion, nous manifestons notre solidarité.

Individual rights vs the common good in the age of Covid 19
Will, M. (2020).
https://frontporchne.com/article/individual-rights-vs-common-good-age-covid-19/
6 pages (approx.).

Dans cet article tiré d’un journal local de Denver, l’auteure s’entretient avec des experts de la région au sujet d’enjeux liés à la question de savoir si les normes comportementales et les orientations politiques (des États-Unis) sont incompatibles avec les exigences de la crise de la COVID-19. En particulier, ces experts s’expriment sur la réponse tiède de la région (à la fin mars 2020) à l’isolement social visant à aplatir la courbe. Alors que la crise exige des efforts coordonnés, y compris un effort collectif robuste en matière de distanciation, ceux-ci sont moins compatibles avec les tendances libertariennes ou axées sur les libertés individuelles de plusieurs citoyens. Qui plus est, la distanciation a des effets négatifs, et bien qu’elle puisse être légitime au début de la pandémie, au fil du temps, elle risque de devenir plus difficile à justifier et à faire appliquer.

Markets vs lives
Gonsalves, G. et Kapczynski, A. (2020).
http://bostonreview.net/science-nature/gregg-gonsalves-amy-kapczynski-markets-v-lives
8 pages (approx.).

Dans cet article (des États-Unis), les auteurs conviennent que la distanciation physique/sociale est nécessaire pour minimiser la transmission de la COVID-19, pour protéger les plus vulnérables, et pour aplatir la courbe afin de réduire les conséquences catastrophiques. Leur objectif est de répondre à une réaction hostile à la distanciation, qui oppose les efforts visant à stopper la COVID-19 à l’économie. Ces arguments pourraient être résumés ainsi : « le remède est pire que la maladie », en raison des dommages qu’il cause à l’économie. Les auteurs notent que la distanciation a extrait une grande partie de la main-d’œuvre de l’économie au nom d’un bien commun et social, et que ce travail non rémunéré ne s’affiche pas dans le PIB, dans l’économie. Cette crise nous invite à protéger la population de la maladie, à l’aider à traverser cette situation d’urgence, et à ne pas agir comme si quiconque était remplaçable au nom de la stabilité économique. Pour ce faire, les auteurs proposent plusieurs priorités : se coordonner pour mettre fin aux pénuries d’équipements de protection et médicaux; augmenter de façon drastique la capacité de dépistage; soutenir massivement les cliniques et les hôpitaux en augmentant le personnel, les ressources et le soutien; faire le maximum pour mettre au point des vaccins; offrir aux gens un soutien du revenu stable et approprié; et répondre aux besoins des personnes vulnérables, qu’elles soient incarcérées, sans abri, âgées, ou à risque pour d’autres raisons.

Enjeux liés au confinement et au déconfinement

A harm reduction approach to the ethical management of the Covid-19 pandemic
Weinstock, D. (2020).
https://academic.oup.com/phe/advance-article/doi/10.1093/phe/phaa026/5899250
10 pages.

Dans cet article, l’auteur note que les aspects politiques les plus complexes de la pandémie de COVID-19 surviennent dans la phase intermédiaire (entre les mesures de confinement de la phase visant à aplatir la courbe et la phase finale de la pandémie, lorsque celle-ci ne constitue plus une menace), car il s’agit de sortir du confinement tout en maintenant les risques à des niveaux acceptables. Après avoir énuméré les divers types d’effets négatifs qui surviennent en raison du confinement, il s’inspire de ces coûts pour proposer une série de quatre principes, conformes à une approche de réduction des méfaits, pour guider les mesures politiques durant la phase intermédiaire. Ces principes sont les suivants : (1) s’occuper des effets négatifs secondaires qui découlent de la lutte contre les effets négatifs primaires; (2) reconnaître que les plus défavorisés souffrent davantage des effets négatifs primaires et secondaires en raison des injustices existantes; (3) reconnaître la sociabilité des personnes en limitant les mesures de distanciation coercitives; et (4) reconnaître qu’un acquiescement éclairé est préférable à la coercition. Après avoir appliqué ces principes à une analyse des passeports immunitaires, l’auteur conclut en réfléchissant aux manières dont nous pourrions repenser l’espace et le temps dans nos espaces de travail, nos espaces de jeu et nos espaces culturels afin de nous adapter.

An ethics framework for the Covid-19 reopening process
Bernstein, J., Hutler, B., Rieder, T., Faden, R., Han, H. et Barnhill, A. (2020).
https://bioethics.jhu.edu/wp-content/uploads/2019/10/FINAL-SNF-Agora-Covid-19.pdf
16 pages.

Il s’agit d’un cadre visant à évaluer d’un point de vue éthique la « cascade de décisions politiques » (traduction libre) qui définissent le processus de déconfinement et à gérer les compromis entre la science, l’économie, le bien-être, la liberté, la justice et les autres valeurs. Dès le départ, les auteurs soulignent l’importance de la participation publique, de l’opinion des experts, des communications claires et de la réactivité aux nouvelles informations. Le cadre est structuré en sept étapes. L’étape (1) consiste à sélectionner des politiques potentielles et à considérer leur faisabilité. Les étapes (2) à (5) consistent à évaluer les politiques en fonction des valeurs de (2) bien-être; de (3) liberté; de (4) justice; et de (5) légitimité. L’étape (6) consiste à évaluer les manières d’atténuer les effets négatifs des options de politiques pour rendre celles-ci plus acceptables. L’étape (7) consiste en une évaluation générale visant à décider si la ou les options sont acceptables d’un point de vue éthique, en fonction des étapes (1) à (6). Chaque étape inclut une série de questions et de considérations, et certaines incluent des grilles visant à déterminer les effets des politiques ou la distribution des avantages et des inconvénients pour chaque groupe.

Enjeux éthiques de la pandémie de Covid-19 : précaution et déconfinement
Désy, M., Bernier, N., St-Pierre, J., Leclerc, B., Couture-Ménard, M-È. et Maclure, J. (2020).
https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/3031-enjeux-ethiques-pandemie-precaution-deconfinement-covid19.pdf
28 pages (en français).

Dans ce document de réflexion, à consulter aux côtés du cadre de référence en matière d’éthique (voir Désy et al., 2020, dans la section « Cadres de référence en matière d’éthique et lignes directrices » ci-dessus), les auteurs définissent certains des enjeux éthiques liés au confinement et au déconfinement. Ils y décrivent les valeurs et les principes fondamentaux à prendre en compte dans les contextes sociaux, économiques, scientifiques et politiques complexes de la pandémie sous l’angle global du principe de précaution, afin d’aider à clarifier la prise de décision en période d’incertitude. Certaines des principales considérations comprennent la place de la science dans l’élaboration des politiques publiques, la qualité des données en contexte d’urgence, la prise en compte du contexte social, la confiance de la population, et le principe de précaution. Les auteurs analysent trois études de cas pour aborder les dimensions éthiques du déconfinement. Ils établissent les enjeux et les valeurs éthiques clés dans chacune d’entre elles : (1) la réouverture des écoles, (2) la réouverture des parcs et des infrastructures sportives, et (3) le port du masque. Ce document conclut par une discussion au sujet de la communication à la population.

Failure to combat Covid-19 can have economic consequences too
Smith, M. (2020).
https://impactethics.ca/2020/12/08/failure-to-combat-covid-19-can-have-economic-consequences-too/
3 pages (approx.)

Dans ce court article, l’auteur affirme que les discours qui opposent les mesures de contrôle de la COVID-19 à l’économie créent un faux dilemme, et il soutient que l’économie et le bien-être de la population sont interreliés. Si l’on maintient les entreprises ouvertes alors que les nombres de cas augmentent fortement, les conséquences économiques pourraient être pires que celles dues au confinement. L’auteur soutient plutôt que les gouvernements devraient prendre des mesures pour « atténuer les dommages économiques et sociaux potentiels qui pourraient découler du recours à des mesures de santé publique restrictives pour prévenir les décès et les graves problèmes de santé (comme les fermetures ou les confinements) » (traduction libre), puisqu’il est possible pour les gouvernements d’aider mutuellement les personnes et les entreprises à supporter des difficultés économiques à plus court terme, tandis que la mort est irréversible.

Devoirs de la société, des professionnels, des citoyens (et attentes de soutien réciproque)

Covid-19 ethics analysis: What is the ethical duty of health care workers to provide care during Covid-19 pandemic?
BC Centre for Disease Control & BC Ministry of Health. (2021). (version mise à jour publiée en janvier 2021)
http://www.bccdc.ca/Health-Professionals-Site/Documents/Duty_to_Care.pdf
10 pages.

Dans cette publication, les auteurs examinent le devoir de soigner, qui stipule que le bien-être du patient prime, et lient ce devoir aux tensions et aux devoirs concurrents avec lesquels doivent parfois composer les travailleurs et travailleuses de la santé dans le contexte de la COVID-19. Ils cernent trois aspects sous-jacents au devoir de soigner : i) une plus grande aptitude à soigner crée une obligation de soigner; ii) choisir la profession de soignant implique une acceptation du risque associé; iii) la société confère leur légitimité aux travailleurs et travailleuses de la santé moyennant une entente selon laquelle ils répondront à l’appel en situation d’urgence. Les auteurs se tournent vers les connaissances existantes sur la COVID-19 pour mettre en contexte les risques pour les travailleurs et travailleuses et pour cerner les limites potentielles du devoir de soigner au moyen d’une analyse éthique fondée sur le Cadre de référence en matière d’éthique de la C.-B. (résumé à la section Cadres de référence en matière d’éthique et lignes directrices pour les pandémies et les urgences de santé publique). Cette analyse s’effectue par un examen des principes éthiques suivants dans le contexte de la COVID-19 : réciprocité, respect, principe du tort, devoir de soigner, équité, proportionnalité, recours aux mesures les moins restrictives ou coercitives, collaboration et justice procédurale. L’article se conclut avec 14 recommandations précises à l’intention des travailleurs et travailleuses de la santé, des dirigeants d’établissements (hôpitaux) et des dirigeants du système (autorité sanitaire et gouvernement).

What are the rights and responsibilities of healthcare providers in a pandemic? What can they expect from their employers, governments and us?
Gruben, V. & Czarnowski, A. (2020).
https://policyoptions.irpp.org/magazines/april-2020/what-are-the-rights-and-responsibilities-of-healthcare-providers-in-a-pandemic/
3 pages.

Les auteures de cet article entreprennent de définir nos devoirs de réciprocité les uns envers les autres, le devoir de soigner des travailleurs et travailleuses de la santé, les responsabilités des gouvernements et employeurs et celles du public. Le devoir de soigner oblige les travailleurs et travailleuses de la santé à agir  dans l’intérêt de leurs patients, mais ce devoir a ses limites. Redéployer des travailleurs et travailleuses dans des milieux comportant un plus grand risque que leur milieu de travail habituel ou qui sortent de leur domaine de compétence est plus problématique que de s’attendre à ce qu’ils poursuivent leur travail dans le milieu qu’ils ont choisi. Le devoir de soigner est aussi moindre lorsque le risque personnel s’accroît dans un contexte où les avantages aux patients sont minimes. Les obligations familiales et relationnelles peuvent aussi justifier un retrait. Les gouvernements ont l’obligation de protéger les travailleurs et travailleuses de la santé au moyen d’équipements de protection, de tests, d’information à jour, de mesures systémiques visant à réduire le fardeau sur le réseau de la santé, de counselling et d’autres soutiens. Certaines responsabilités incombent aussi au public, notamment la distanciation physique, l’auto-isolement après un voyage à l’étranger, etc. Les devoirs des travailleurs et travailleuses de la santé ne sont donc pas à sens unique : la société a, elle aussi, des devoirs envers eux.